L’exploitation du gaz naturel en Afrique connaît une montée en puissance, marquant un tournant stratégique dans le paysage énergétique du continent. Entre 2010 et 2015, les découvertes significatives au large du Mozambique et de la Tanzanie, estimées à 170 Tcf de ressources gazières, ont redéfini les ambitions énergétiques africaines. Cette richesse gazière place désormais l’Afrique au cœur de la transition énergétique mondiale, où le gaz est perçu comme un vecteur crucial vers un avenir plus durable, alors que le climat est un enjeu crucial pour le continent. Les développements en cours, notamment au Mozambique où le projet gazier de TotalEnergies, bien que controversé, a été relancé, pourraient faire de ce pays le plus grand exportateur africain de GNL.
Impacts de la demande européenne sur l’exploration africaine
La sécurité énergétique européenne, secouée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, a accru l’importance stratégique du gaz africain. Cette situation a stimulé le développement des vastes ressources gazières africaines, soutenant ainsi les besoins énergétiques européens tout en offrant des opportunités économiques aux pays hôtes. Les projets de GNL en Mozambique, ainsi que les initiatives au Sénégal, en Mauritanie et en République du Congo, témoignent de cette dynamique. En seulement deux ans, l’Afrique s’apprête à enrichir son portefeuille par l’addition de trois nouveaux pays exportateurs de GNL.
Transition du charbon vers le gaz et les renouvelables
En Afrique subsaharienne, le charbon joue un rôle prépondérant dans la production d’électricité, représentant près de 40% de la capacité installée. Toutefois, le vieillissement des centrales et les difficultés croissantes de financement orientent le continent vers des alternatives plus propres. Le retrait de la Chine du financement de nouveaux projets charbonniers marque un pivot significatif vers le gaz naturel et les énergies renouvelables. La capacité de liquéfaction de l’Afrique s’élève actuellement à près de 75 millions de tonnes/an. Ce chiffre devrait atteindre un peu moins de 130 millions de tonnes/an début 2040, selon S&P Global LNG research, et inclure plusieurs nouveaux pays exportateurs de GNL. D’ici 2050, le gaz pourrait représenter environ 35% de la production d’électricité en Afrique, tandis que la part du charbon chuterait à moins de 3%.
La compétition pour l’investissement capital dans l’industrie pétrolière et gazière s’intensifie, les pays africains cherchant à se positionner avantageusement dans la transition énergétique. Les nations perçues comme stables et offrant des termes fiscaux attractifs, telles que la Namibie, le Maroc et l’Égypte, attirent davantage d’investissements. Face à cette compétition, les producteurs établis comme l’Angola s’efforcent d’améliorer leurs conditions pour rester compétitifs. Cette dynamique reflète l’évolution rapide du paysage énergétique africain, qui devrait jouer un rôle croissant dans l’équilibre énergétique mondial.