Le paysage énergétique européen en pleine mutation a rarement été autant scruté qu’en 2022. Lors d’une récente conférence sur l’énergie et les énergies renouvelables, Wood Mackenzie a exploré les forces du changement. Ceux-ci vont de l’extrême volatilité des prix à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, en passant par l’intérêt toujours plus grand pour la transition énergétique. Dans un contexte d’incertitude et de changement sans précédent, comment l’Europe peut-elle réussir sa transition vers la stabilité des prix, la résilience et l’augmentation du rendement des investissements ?
Véritable volonté de réaliser une transition énergétique
Durant la conférence sur les énergies et les énergies renouvelables en Europe de Wood Mackenzie, des analystes, consultants et experts du secteur ont discuté de l’avenir.
Tim Welton, responsable de la recherche sur l’énergie et les énergies renouvelables chez EMEARC et Wood Mackenzie, estime que le changement est un thème clé de la conférence. Ainsi, les événements de l’année dernière ont accéléré le rythme. Les conséquences de la pandémie, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la crise de la chaîne d’approvisionnement et les pressions inflationnistes sont des facteurs qui contribuent à cette accélération.
Par ailleurs, il y a maintenant une véritable pression pour réaliser rapidement la transition énergétique. Mais aussi pour s’assurer que la sécurité de l’approvisionnement reste en tête des priorités. Selon Tim Welton, nous assistons à une véritable transformation des marchés européens de l’électricité. Par conséquent, d’énormes investissements seront nécessaires.
L’Union européenne et sa taxonomie verte
David Papp, chef de la division de la politique de financement durable de la Banque centrale de Hongrie, propose sa vision de la taxonomie durable de l’UE et le rôle qu’elle joue dans la décarbonisation et le financement du secteur énergétique.
Cet outil politique est en cours de mise en œuvre pour le moment. David Papp estime que cette mesure va faciliter l’investissement et le financement « vert ». Ceci grâce à ses outils de transparence. Elle améliorera également l’échange d’informations et donnera possiblement un coup de fouet au secteur.
La guerre en Ukraine et son impact sur le secteur énergétique
Simon Flowers, analyste en chef chez Wood Mackenzie, souligne que la guerre entre la Russie et l’Ukraine entraîne des répercussions sur la politique énergétique, la géopolitique et les marchés de l’électricité. Les discussions de la conférence ont surtout tourné des marchés du gaz. Cette ressource joue un rôle important dans la fixation des prix de l’électricité.
Les conclusions des experts amènent à penser que les prix du gaz vont rester élevés pendant plusieurs années. Ce qui signifie que les prix de l’électricité le seront également.
Simon Flowers indique que l’économie mondiale est toujours dépendante des combustibles fossiles et cela ne va pas changer rapidement. Les gouvernements cherchent une sécurité énergétique. À court terme, l’accès à l’approvisionnement en pétrole et en gaz est la réponse.
Toutefois, la guerre entraîne de grands changements dans les politiques énergétiques. Les énergies à faible teneur en carbone jouent un rôle important en tant que solution à long terme pour la sécurité énergétique. Par conséquent, les gouvernements redoublent d’efforts pour réaliser la transition énergétique et mettre en place un ensemble à faible teneur en carbone. Cela comprend les énergies renouvelables, l’hydrogène et la capture et le stockage du carbone.
Volatilité des prix des matières premières
Erik Mielke, responsable mondial de la recherche sur les entreprises chez Wood Mackenzie estime que la volatilité des prix des matières premières est un actuellement sujet important en Europe. Les prix sont élevés et les entreprises génèrent beaucoup plus de bénéfices que prévu. Par conséquent, la question est de savoir comment elles déploient ce capital supplémentaire.
Le responsable indique que l’accent est mis sur l’accélération de la croissance dans les énergies renouvelables. Toutefois, les experts constatent des investissements supplémentaires dans l’ensemble du complexe énergétique et une augmentation des distributions aux actionnaires.
La crise actuelle en Europe accélère la transition énergétique ?
Steven Knell, vice-président et responsable de la consultation sur l’énergie et les énergies renouvelables chez Wood Mackenzie, parle de la transition énergétique en Europe.
L’une des principales conclusions qu’il tire des discussions est que la crise actuelle en Europe offre des possibilités. En outre, les considérations relatives à la sécurité de l’approvisionnement et les remplacements des importations russes vont accélérer la transition énergétique.
Un autre point important à retenir, selon lui, est la résilience des modèles économiques des investisseurs :
« Des changements profonds interviennent dans l’économie des projets, presque tous les jours. Mais la communauté des investisseurs qui soutient l’opportunité des énergies renouvelables est très réactive. Et c’est encourageant, car avec les objectifs politiques proposés, on va leur demander de faire plus que jamais auparavant. »