Le groupe énergétique français TotalEnergies a confirmé le 27 mars son soutien à l’enquête pénale ouverte au Mozambique concernant des allégations d’enlèvements, de violences sexuelles et de meurtres attribués à des soldats mozambicains stationnés près de son site d’exploration gazière. Le projet, Mozambique LNG, suspendu depuis 2021 à la suite d’une attaque armée à proximité du site, représente un investissement de 20 milliards de dollars destiné en grande partie à l’approvisionnement asiatique.
Une enquête officiellement lancée par les autorités judiciaires
Le procureur général du Mozambique a indiqué avoir initié une procédure après avoir été alerté par des publications internationales mentionnant des abus graves attribués à des membres des Forces de défense et de sécurité mozambicaines (FDS). Ces forces avaient pour mission de sécuriser la zone entourant les infrastructures de TotalEnergies. L’entreprise a rappelé avoir elle-même sollicité en novembre 2024 l’ouverture d’une enquête officielle auprès des autorités locales.
Le groupe détient une participation de 26,5 % dans Mozambique LNG, aux côtés de partenaires tels que la société japonaise Mitsui, qui détient 20 %. En plus de sa demande auprès du ministère public, TotalEnergies a également sollicité une intervention de la Commission nationale des droits humains du Mozambique (CNDH), qui a confirmé le 25 mars qu’elle mènerait sa propre évaluation.
Transparence et coopération annoncées par TotalEnergies
Dans un communiqué, TotalEnergies a déclaré que sa filiale Mozambique LNG coopérera pleinement avec les autorités. Le responsable de la division Strategy & Sustainability du groupe, Aurélien Hamelle, a indiqué que l’entreprise s’engageait à publier les résultats du rapport de la CNDH. Le président-directeur général Patrick Pouyanné a souligné la nécessité de respecter l’indépendance des institutions locales, affirmant : « laissons la justice faire son travail et acceptons(-en) les résultats ».
Les soupçons de violations ont été initialement relayés en septembre 2024 par Politico, suivi en novembre d’un article du quotidien Le Monde, qui affirmait que TotalEnergies avait été alertée dès 2021 via des rapports internes. La filiale locale a déclaré n’avoir trouvé aucune preuve venant corroborer les accusations mentionnées dans les publications.
Un redémarrage sous conditions sécuritaires et financières strictes
La reprise du projet n’est pas envisagée avant 2029 ou 2030, sous réserve d’une amélioration durable des conditions de sécurité dans la région du Cabo Delgado. Outre la levée de la déclaration de force majeure, le projet dépend du déblocage d’accords financiers multipartites. TotalEnergies a d’ores et déjà obtenu l’approbation de l’administration américaine pour un prêt de 4,7 milliards de dollars.