Le projet photovoltaïque Maya, conduit depuis 2019 par TotalEnergies en Guyane, a été officiellement abandonné à la suite de la publication du projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2023-2028. La décision du groupe énergétique intervient alors que le document stratégique privilégie une nouvelle orientation en matière d’infrastructures énergétiques, axée sur la sécurisation du réseau de distribution et un rééquilibrage géographique des installations vers l’ouest du territoire.
Prévu à proximité de Cayenne, le projet Maya devait associer une centrale solaire et des capacités de stockage pour une puissance de 20 MW. Son abandon s’inscrit dans un contexte où la PPE actualisée ne prévoit aucun projet de production pilotable autour de Cayenne. Le document souligne que les garanties de puissance initialement envisagées pour l’agglomération ne sont plus jugées nécessaires, en raison notamment de la construction en cours de la centrale EDF du Larivot, d’une puissance de 120 MW, fonctionnant au biocarburant.
Une réorientation territoriale des projets énergétiques
La collectivité territoriale de Guyane (CTG) a précisé dans le PPE que l’objectif principal demeure la production électrique 100 % décarbonée d’ici 2027 pour les communes du littoral raccordées au réseau. Toutefois, la priorité est désormais accordée à l’ouest du département, historiquement moins doté en infrastructures énergétiques. En réponse à cette dynamique, les investissements visent à doubler la ligne haute tension existante alimentant Saint-Laurent-du-Maroni, ainsi qu’à construire deux postes sources supplémentaires dans cette zone.
Cette logique de redéploiement a été critiquée par plusieurs acteurs du secteur privé. Lors de la présentation des grandes orientations du PPE, Arnaud Flament, directeur de Voltalia Guyane et représentant du Syndicat des énergies renouvelables (SER), a exprimé un manque de concertation dans la rédaction du texte, estimant que celui-ci était difficilement modifiable.
Une stratégie focalisée sur la distribution plutôt que la production
En parallèle à la redistribution géographique des priorités, le document de planification énergétique met l’accent sur la stabilisation du réseau, décrit comme fragile en raison d’un maillage insuffisant. La mise en service de la nouvelle ligne haute tension est prévue pour 2033, dans le cadre d’un effort plus large d’investissement estimé à 5,716 milliards d’euros d’ici cette échéance. Cette enveloppe couvre à la fois les dépenses d’exploitation, de maintenance et les nouvelles infrastructures, réparties entre les entreprises et les collectivités locales.
Malgré l’abandon du projet Maya, la PPE maintient une ambition de croissance dans le secteur solaire, avec un objectif de 150 MW en 2028 et 175 MW en 2033, contre 114 MW actuellement. Le solaire reste identifié comme la source d’énergie devant connaître la progression la plus importante dans le mix énergétique guyanais, en l’absence de nouveaux projets hydroélectriques ou de développement significatif d’autres filières.