Le groupe TotalEnergies a annoncé mardi 21 mars 2023 un renforcement de ses objectifs à court terme pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre liées aux produits pétroliers. Cela témoigne de la diminution relative du pétrole dans sa stratégie alors que le gaz, en particulier le gaz naturel liquéfié (LNG), émet moins de CO2 lorsqu’il est brûlé. Le groupe français entend ainsi fournir « plus d’énergie » avec moins d’émissions.
Le groupe TotalEnergies annonce un nouvel objectif plus ambitieux de réduction des émissions générées par les carburants et le kérosène brûlés par ses clients (dites scope 3, dans la comptabilité carbone). Il vise une réduction de 30 % dès 2025 (contre 2030 précédemment) par rapport à 2015 et de 40 % en 2030, soit un total d’émissions passant de 350 millions à 210 millions de tonnes d’équivalent CO2. Les émissions indirectes liées à la combustion des produits vendus par TotalEnergies représentent aujourd’hui la majorité de son empreinte carbone, suivies par celles liées au gaz. L’ensemble des émissions indirectes liées à la combustion des produits vendus par TotalEnergies représentaient 389 millions de tonnes de CO2 en 2022, un chiffre publié mardi. Le groupe entend les maintenir « à moins de 400 millions de tonnes » en 2030, contre 410 millions en 2015. C’est l’équivalent de l’empreinte carbone de toute la France.
TotalEnergies souhaite investir 5 milliards de dollars dans les énergies bas carbone, en 2023, comprenant 1 milliard au titre de l’efficacité énergétique de ses installations et 4 milliards en énergies bas carbone (solaire, éolien, séquestration de carbone, hydrogène, etc.). Le CEO de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a confirmé la capacité du groupe à être rentable tout en investissant dans les énergies bas carbone. Le groupe prévoit d’investir « 14 à 18 milliards de dollars par an (…) dont un tiers dans les énergies bas carbone, environ 30% dédiés au développement de nouveaux projets pétrole et gaz, le reste étant consacré à la maintenance du portefeuille hydrocarbures ». Des engagements qui suscitent la méfiance des associations et des ONG, qui accusent le groupe de « greenwashing ».
Cependant, les associations et NGO, telles que Greenpeace, restent sceptiques quant à la réalité de ces engagements. En effet, selon elles, le groupe pratique du « greenwashing » en promouvant sa stratégie climat tout en continuant à investir massivement dans les énergies fossiles.
Malgré les efforts de communication du groupe, Greenpeace a souligné que la grande majorité des investissements prévus pour la période 2023-2030 étaient principalement tournés vers les énergies fossiles. En novembre dernier, la NGO avait déjà estimé que les émissions totales de gaz à effet de serre de TotalEnergies en 2019 étaient quatre fois plus importantes que celles présentées par le groupe. TotalEnergies avait alors contesté cette affirmation.
La NGO Reclaim Finance a quant à elle appelé les investisseurs à sanctionner la direction de TotalEnergies pour ce plan jugé « incomplet et non aligné » sur une trajectoire de limitation du réchauffement climatique mondial à 1,5°C par rapport à la fin du 19e siècle. Les associations et NGO attendent donc avec impatience l’assemblée générale des actionnaires qui aura lieu le 26 mai prochain, où TotalEnergies devra répondre à ces critiques et donner des garanties quant à la réalité de ses engagements en faveur de la transition énergétique.