Le groupe français TotalEnergies a officiellement demandé au gouvernement mozambicain une prolongation de dix ans de sa licence d’exploitation pour le projet de gaz naturel liquéfié situé dans la province de Cabo Delgado, au nord-est du pays. Cette demande s’accompagne d’une requête de compensation de 4,5 milliards $ (environ €4,26bn), correspondant selon l’entreprise aux surcoûts liés à l’interruption du chantier depuis 2021.
Le projet, évalué à 20 milliards $ (environ €18,9bn), avait été mis à l’arrêt après une attaque armée ayant entraîné plus de 800 morts. La société française estime que ces évènements relèvent de la force majeure, ce qui justifie selon elle une révision du plan initial et un allongement de la période de production pour amortir l’investissement initial.
TotalEnergies ajuste son calendrier et son budget
Dans un courrier daté du 24 octobre et adressé au président du Mozambique, TotalEnergies détaille que la première livraison de gaz, initialement prévue en juillet 2024, est désormais repoussée au premier semestre 2029. L’entreprise considère que cette nouvelle échéance implique une mise à jour du programme opérationnel, du budget global et des conditions contractuelles.
Le projet, considéré comme le plus important d’Afrique dans le secteur du gaz naturel liquéfié, avait été suspendu à la suite d’une attaque jihadiste survenue dans la ville de Palma. Malgré une reprise sécuritaire progressive, la société n’avait pas jusqu’ici officiellement levé la clause de force majeure, ce qui bloquait toute relance effective des travaux.
Une décision attendue du gouvernement mozambicain
TotalEnergies a indiqué qu’une dernière étape restait à franchir : l’approbation par le conseil des ministres mozambicain d’un avenant au plan de développement. Cet addendum inclurait les ajustements financiers et techniques nécessaires pour relancer le chantier. Le gouvernement mozambicain n’a pas encore formulé de réponse officielle à cette demande.
Parallèlement, le président du Mozambique, Daniel Chapo, est actuellement en déplacement aux États-Unis, où il doit rencontrer les dirigeants d’ExxonMobil. Le groupe américain prévoit de lancer un autre projet gazier dans le pays, Rovuma LNG, mais sa décision finale d’investissement reste conditionnée à la levée complète de la force majeure sur le site opéré par TotalEnergies.
Un marché gazier stratégique pour l’Afrique australe
Ces projets pourraient positionner le Mozambique parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz naturel d’ici à 2040, selon un rapport publié en 2024 par le cabinet d’audit Deloitte. Le pays représenterait alors jusqu’à 20 % de la production africaine. Le potentiel gazier du Mozambique attire une concurrence stratégique entre grandes compagnies énergétiques, bien que le contexte sécuritaire et les coûts croissants restent des obstacles majeurs.
Le projet Mozambique LNG de TotalEnergies, comme celui de Rovuma LNG porté par ExxonMobil, s’inscrit dans une dynamique régionale d’exploitation massive des ressources gazières. Leur mise en œuvre reste néanmoins suspendue à la capacité des autorités locales à garantir la sécurité et la stabilité réglementaire nécessaires à des investissements de cette envergure.