La société française TotalEnergies a confirmé son intention de reprendre cet été les opérations liées à son projet majeur de gaz naturel liquéfié (GNL) au Mozambique, suspendues depuis 2021 pour cause de sécurité. Le président-directeur général du groupe, Patrick Pouyanné, a fait cette annonce lors du Sommet sur l’énergie organisé récemment à Tokyo, au Japon. Le projet, situé dans la région offshore dénommée Zone 1, vise l’exploitation des champs gaziers Golfinho et Atum. Le chantier prévoit également l’installation d’une usine de liquéfaction à deux unités de production, capable de produire annuellement environ 13,12 millions de tonnes de GNL.
Enjeux économiques majeurs
Le projet représente un investissement estimé à $20bn et constitue un levier potentiel significatif pour l’économie mozambicaine. TotalEnergies, en tant qu’opérateur principal, détient 26,5 % du projet, suivi par le groupe japonais Mitsui avec une participation de 20 %. L’entreprise publique mozambicaine Empresa Nacional de Hidrocarbonetos (ENH) détient quant à elle une part de 15 %. Le reste du capital est réparti entre des entreprises indiennes et la société thaïlandaise PTTEP.
La reprise des activités intervient dans un contexte où le secteur gazier mozambicain affiche une dynamique croissante. Depuis novembre 2022, le Mozambique exporte du GNL via le projet Coral Sul, développé par la compagnie italienne Eni. Récemment, les autorités mozambicaines ont validé le projet Coral Norte, également géré par Eni, qui prévoit une unité flottante de liquéfaction.
Contexte sécuritaire stabilisé
L’arrêt des travaux en 2021 faisait suite à des attaques armées dans la province septentrionale de Cabo Delgado, contraignant TotalEnergies à invoquer une clause de force majeure. L’amélioration progressive de la sécurité dans la région semble avoir permis au groupe français d’envisager désormais une relance imminente. Les partenaires financiers internationaux, tels que l’Export-Import Bank des États-Unis, ont récemment confirmé leur soutien financier, apportant près de $5bn pour relancer les opérations.
Selon les estimations de la Banque africaine de développement (BAD), le Mozambique pourrait enregistrer une croissance moyenne de son PIB de 5,2 % entre 2024 et 2025 grâce au secteur extractif, notamment le gaz naturel. Le retour sur les rails de ce projet majeur pourrait générer des effets positifs indirects sur l’économie locale et régionale, notamment en matière d’emploi et d’infrastructures.
Perspective industrielle et stratégique
Le Mozambique ambitionne ainsi de se positionner parmi les principaux producteurs mondiaux de GNL. Cette stratégie bénéficie d’un contexte favorable, marqué par une demande internationale croissante pour le gaz naturel liquéfié, notamment en Asie et en Europe. La relance des projets gaziers majeurs, tels que celui piloté par TotalEnergies, est donc perçue comme cruciale pour les objectifs économiques du pays et pour ses ambitions de rayonnement industriel sur la scène énergétique mondiale.
La décision finale concernant la levée effective de la force majeure reste toutefois conditionnée par l’évolution de la situation sécuritaire et la confirmation définitive des soutiens financiers internationaux.