Le sénateur écologiste Yannick Jadot est jugé ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, après avoir été poursuivi en diffamation par la société TotalEnergies SE. Les faits remontent à mars 2022, période durant laquelle le parlementaire, alors candidat à l’élection présidentielle, avait déclaré que le groupe pétrolier français était « complice de crimes de guerre », en raison de la poursuite de ses activités énergétiques sur le territoire russe après le début de l’invasion de l’Ukraine.
À plusieurs reprises, Yannick Jadot avait pris la parole dans les médias, condamnant publiquement la présence maintenue de TotalEnergies dans des coentreprises russes, notamment dans le contexte des sanctions internationales. Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies SE, avait vivement réagi à ces déclarations, dénonçant une atteinte grave à la réputation de l’entreprise et de ses 100 000 salariés.
TotalEnergies défend sa politique de retrait progressif
Dans les semaines qui ont suivi ces déclarations, TotalEnergies avait annoncé son intention de se retirer progressivement de certaines de ses activités en Russie, à commencer par celles qui, selon l’entreprise, n’étaient pas essentielles à l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Dès avril 2022, un processus de retrait partiel a été enclenché, suivi en septembre de la cession de sa participation de 49 % dans la coentreprise Terneftegaz, active sur le gisement de Termokarstovoïe, situé dans le nord de la Russie.
Des organisations non gouvernementales telles que Darwin Climax Coalition et Razom We Stand avaient par ailleurs porté plainte contre le groupe pour complicité de crime de guerre. La justice avait toutefois déclaré la plainte irrecevable. Les associations reprochaient à TotalEnergies d’avoir continué à produire du condensat de gaz utilisé dans la fabrication de carburant pour avions militaires russes jusqu’à l’été 2022.
Retombées politiques et institutionnelles
En raison de la procédure judiciaire lancée par le groupe pétrolier, Yannick Jadot s’était vu contraint de se déporter des travaux relatifs à la Russie au sein de la commission d’enquête sénatoriale sur TotalEnergies, dont il était rapporteur. Le sénateur a affirmé que l’action judiciaire intentée par la société visait à limiter son expression publique sur ce dossier.
TotalEnergies a réaffirmé avoir mené ses opérations dans le strict respect de la politique énergétique européenne et des sanctions en vigueur. L’entreprise a également précisé qu’elle n’a jamais produit de kérosène destiné à l’armée russe, tout en soulignant la transparence de ses démarches de désengagement.