Devant un parterre d’investisseurs à New York, le géant pétrogazier français TotalEnergies a annoncé son intention d’accroître sa production de pétrole et de gaz jusqu’en 2030. Cette décision survient malgré le consensus scientifique incitant à une accélération de la transition vers les énergies renouvelables afin de lutter contre le changement climatique.
Cette annonce intervient dans un contexte de baisse des prix des énergies, incluant le pétrole, le gaz et l’électricité. TotalEnergies a cherché à rassurer ses investisseurs en révisant à la hausse ses prévisions de croissance de la production d’hydrocarbures à environ 3% par an jusqu’en 2030. Cette augmentation est principalement due au gaz liquéfié (GNL), une ressource très demandée en Asie et par les Européens cherchant à compenser la réduction des livraisons de gaz russes terrestres depuis la guerre en Ukraine.
Expansion des Projets Pétrogaziers
Cette ambition dépasse l’objectif initialement fixé de 2 à 3% par an jusqu’en 2028. Elle s’appuie sur le lancement en 2024 de six nouveaux projets pétrogaziers situés au Brésil, au Suriname, en Angola, à Oman et au Nigeria. Ces projets permettront de maintenir et d’étendre l’objectif de croissance jusqu’en 2030, avec une croissance prévue supérieure à 3% pour les années 2025 et 2026, selon un communiqué de la société.
Pour justifier cette hausse prolongée, le PDG Patrick Pouyanné a souligné le déclin naturel des champs pétroliers existants et la hausse de la demande mondiale de pétrole. « Nous devons donc continuer à investir dans le pétrole », a-t-il déclaré. Il a ajouté que « la réalité est que la demande de pétrole augmente, d’un peu moins de 1 million de barils par jour » et que « pour l’instant, nous ne voyons pas d’impact réel de la pénétration des technologies bas carbone ».
Stratégie Énergétique et Investissements
TotalEnergies mise également sur le développement de l’électricité renouvelable, notamment éolienne et solaire, associée à des solutions de stockage flexibles comme les batteries ou les centrales à gaz pour pallier leur intermittence. L’objectif est d’atteindre une production de plus de 100 térawattheures (TWh) en 2030, dont 70% provenant de sources renouvelables et 30% de centrales à gaz.
Le groupe prévoit des investissements nets de 16 à 18 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030, dont environ 5 milliards seront dédiés aux énergies bas-carbone. Cependant, TotalEnergies a indiqué une flexibilité pour réduire ses investissements nets de 2 milliards de dollars en cas de forte baisse des prix du pétrole.
Réactions et Perspectives Futures
Au lendemain du lancement d’un mégaprojet pétrolier de plus de 10 milliards de dollars au Suriname, le PDG a affirmé la volonté de TotalEnergies de continuer à produire du pétrole à bas coûts tout en développant les énergies renouvelables. Cette stratégie vise également à se protéger contre les fortes baisses de prix du pétrole, qui est descendu sous la barre des 70 dollars le mois dernier, bien que les tensions au Proche-Orient aient contribué à une remontée des prix.
TotalEnergies prévoit de signer des contrats de vente de GNL à long et moyen terme, avec des accords pour 4 millions de tonnes cette année, afin de réduire son exposition aux fluctuations des cours. Le groupe envisage également une double cotation à Wall Street en plus de Paris, bien que Paris reste le principal marché boursier pour l’introduction des actions de TotalEnergies.
Implications pour les Actionnaires et le Marché
L’année 2024 pourrait marquer un retour à la normale après des bénéfices record en 2022 et 2023, durant la crise énergétique. TotalEnergies prévoit de racheter pour 8 milliards de dollars d’actions en 2024, une démarche qui pourrait être affectée par une éventuelle taxation de ces opérations en France, similaire à celle existant aux États-Unis.
Patrick Pouyanné a conclu en rassurant les investisseurs sur la stratégie du groupe, affirmant que « Paris restera le marché boursier d’introduction des actions de TotalEnergies ». Cette orientation stratégique vise à équilibrer la croissance de la production fossile avec les investissements dans les énergies renouvelables, tout en répondant aux attentes des marchés financiers et des actionnaires.