Lors de l’assemblée générale annuelle organisée au siège de TotalEnergies dans le quartier d’affaires de La Défense, Patrick Pouyanné, PDG du groupe, a confirmé aux actionnaires le maintien de la stratégie actuelle axée sur les hydrocarbures à coûts maîtrisés et l’expansion progressive dans l’électricité bas carbone. L’objectif annoncé par TotalEnergies est clair : porter l’électricité à environ 20 % des ventes et de la production totale d’énergie d’ici 2030. Malgré l’instabilité économique actuelle, Patrick Pouyanné a insisté sur la capacité de son groupe à résister aux fluctuations des cours pétroliers grâce à une discipline rigoureuse sur ses investissements. Cette intervention intervient alors que TotalEnergies est régulièrement confronté à des critiques provenant d’organisations écologistes et de certaines ONG.
Tensions lors des mobilisations parisiennes
En marge de l’assemblée générale, plusieurs actions menées par le groupe militant Extinction Rebellion (XR) ont eu lieu à Paris pour dénoncer les activités pétrolières du groupe énergétique. Dans la matinée, une dizaine d’activistes ont tenté de s’introduire dans le siège de BNP Paribas, accusant la banque de financer les projets fossiles de TotalEnergies. Des heurts ont eu lieu lorsque les manifestants ont déversé de l’huile sur les escaliers du bâtiment et lancé des faux billets, entraînant l’intervention rapide de la police. La préfecture a confirmé l’interpellation de sept personnes, tandis que BNP Paribas a fermement condamné ces actions, rappelant que ses financements récents ciblaient principalement des projets énergétiques bas carbone.
Dans un second événement, une cinquantaine de militants ont tenté d’organiser une « contre-assemblée générale » sur le parvis du Sacré-Cœur, également interrompue par les autorités. Les deux principaux organisateurs ont été placés en garde à vue, confirmant les tensions persistantes entre les entreprises énergétiques et les groupes militants. Ces incidents illustrent le climat de défiance auquel les entreprises pétrolières doivent faire face en permanence.
Un procès inédit et ajustement des investissements
Au-delà des actions militantes, TotalEnergies devra faire face à un procès inédit à Paris le 5 juin, pour « publicités mensongères ». Plusieurs ONG accusent le groupe de présenter une image biaisée de son implication dans la transition énergétique, induisant les consommateurs en erreur sur ses réels engagements environnementaux. Ce procès s’inscrit dans un contexte où d’autres grandes compagnies européennes, telles que Shell et BP, procèdent à des ajustements majeurs de leurs stratégies en matière de transition énergétique.
Face à ces accusations, Patrick Pouyanné a assuré que la stratégie de TotalEnergies était dictée par une analyse interne anticipant une stagnation prochaine de la demande pétrolière au profit d’une demande croissante en électricité. Il a toutefois précisé que la part des investissements destinés aux énergies bas carbone serait ramenée à environ 25 % du total entre 2026 et 2030, contre environ un tiers prévu initialement.
Confirmation de la cotation à New York
Patrick Pouyanné a par ailleurs réaffirmé la volonté du groupe de procéder à une cotation continue à la Bourse de New York, en complément de sa cotation actuelle à Paris. Cette décision vise à élargir l’exposition internationale du groupe auprès d’une base d’investisseurs plus diversifiée, tout en rassurant les actionnaires sur l’intention du groupe de conserver son siège social en France. Ce mouvement stratégique permettrait notamment de mieux positionner TotalEnergies face à ses principaux concurrents sur les marchés internationaux.
Les décisions actuelles de TotalEnergies témoignent ainsi des défis complexes auxquels le groupe doit répondre, laissant au secteur financier le soin d’évaluer la pertinence de ces choix stratégiques face à l’évolution du marché énergétique mondial.