Le projet Mozambique LNG, mené par le groupe TotalEnergies, demeure en suspens, trois ans après son interruption en 2021. Cette décision initiale avait été prise à la suite d’une attaque jihadiste près du site dans la province du Cabo Delgado, située au nord du Mozambique. La région, riche en gisements gaziers, est régulièrement la cible de groupes armés affiliés à l’État Islamique depuis 2017.
TotalEnergies a déclaré que la reprise du projet, qui représente un investissement total de 20 milliards de dollars, était conditionnée à un rétablissement de la sécurité dans cette province et à la levée officielle de la « force majeure ». Ce mécanisme contractuel permet à une entreprise de suspendre ses obligations en cas d’événements imprévisibles et insurmontables.
Des objectifs repoussés malgré des progrès
En octobre 2024, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, avait indiqué devant des investisseurs que la production pourrait débuter en 2029, sous réserve que le projet redémarre d’ici fin 2024. Il avait alors mentionné des progrès relatifs à la sécurité sur le terrain, tout en précisant que l’accord de trois agences de crédits était toujours attendu pour finaliser le financement du projet.
Cependant, plusieurs obstacles restent à surmonter. Le groupe attend notamment des garanties politiques après des élections présidentielles contestées dans le pays. Le président récemment réélu, Daniel Chapo, investi en janvier 2025, n’a pas encore rencontré Patrick Pouyanné, une réunion initialement prévue après les élections.
Controverses et appels à enquêtes
Outre les défis sécuritaires, des accusations d’exactions impliquant des forces militaires protégeant le site ont émergé. En septembre 2024, Politico a rapporté des allégations de torture et d’abus, accusations que la filiale Mozambique LNG a niées, affirmant l’absence de preuves corroborant ces affirmations.
Une coalition de 126 ONG a récemment dénoncé le manque d’initiatives en faveur d’une enquête internationale indépendante sur les violences présumées. Ces ONG, dont Urgewald et les Amis de la Terre, ont critiqué les institutions financières impliquées dans le projet, qui, selon elles, n’ont pas pris position publiquement sur ces événements.
Un marché tourné vers l’Asie
Le Mozambique LNG, conçu pour approvisionner principalement des clients asiatiques, est un projet stratégique dans un contexte de forte demande mondiale en gaz naturel liquéfié. TotalEnergies détient une participation de 26,5 %, aux côtés d’autres partenaires tels que le groupe japonais Mitsui (20 %).
Cependant, la situation politique et sécuritaire dans le Cabo Delgado demeure un frein majeur à la relance des activités. Alors que le marché gazier évolue rapidement, les incertitudes au Mozambique posent des questions sur la capacité de ce projet à répondre aux attentes des investisseurs et des consommateurs à moyen terme.