TotalEnergies a présenté l’édition 2025 de son rapport Energy Outlook, dans lequel le groupe expose sa vision sur l’évolution du système énergétique mondial jusqu’en 2050. À travers trois scénarios distincts — Trends, Momentum et Rupture — le rapport met en lumière les tensions croissantes entre les besoins énergétiques des pays émergents, les impératifs de sécurité énergétique et les limites économiques à la décarbonation.
Énergies fossiles, électrification et disparités régionales
Selon le scénario dit « Trends », qui reflète les politiques actuelles, la demande de gaz naturel continuerait à croître jusqu’en 2040 avant de se stabiliser, tandis que l’utilisation du charbon reviendrait à ses niveaux de l’an 2000 à l’horizon 2050. Dans cette configuration, les produits pétroliers atteindraient un pic de demande en 2040. Ce scénario prévoit une hausse des températures globales entre +2,6 °C et +2,8 °C d’ici à 2100. Il intègre une pénétration accrue des technologies matures comme l’éolien, le solaire, les véhicules électriques et les pompes à chaleur, mais souligne les freins liés aux infrastructures, aux coûts et aux tensions géopolitiques.
Dans le scénario « Momentum », les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) atteindraient la neutralité carbone d’ici à 2050, et la Chine dix ans plus tard. Ce scénario implique une électrification renforcée des usages finaux, la quasi-élimination du charbon dans les pays développés, et un rôle accru du gaz naturel comme énergie de transition. Il anticipe une hausse de température plus modérée, entre +2,2 °C et +2,4 °C à l’horizon 2100.
Une transition contrainte par les réalités économiques et géopolitiques
Le scénario « Rupture », conçu selon une approche normative, vise une limitation du réchauffement global à moins de +2 °C. Il nécessiterait une coopération multilatérale inédite pour une décarbonation accélérée, une sortie rapide du charbon dans la production d’électricité et une électrification massive des usages finaux. Dans cette configuration, les énergies fossiles représenteraient toujours 60 % de la demande énergétique primaire en 2050, contre 80 % aujourd’hui.
Le rapport souligne que, malgré leurs divergences, les trois trajectoires convergent sur plusieurs points : une hausse significative de la demande en électricité, un rôle central du gaz naturel comme énergie de transition et la nécessité de nouveaux projets pétroliers et gaziers pour compenser le déclin naturel des champs existants.
Équilibre entre développement et réduction des émissions
Le document met également en avant que 4,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à un niveau énergétique suffisant pour un développement humain satisfaisant. Face à cette réalité, les pays de l’OCDE sont appelés à soutenir la réduction mondiale des émissions à travers des mécanismes coopératifs comme le système d’échange de crédits carbone transfrontaliers prévu par l’article 6 de l’Accord de Paris.
« Depuis 2015, le système énergétique mondial a accompagné la croissance des pays émergents tout en réduisant l’intensité carbone de l’énergie produite. La sécurité et le coût restent des contraintes fortes, et les politiques publiques devront privilégier les solutions les plus économiquement efficaces pour réduire les émissions », a déclaré Aurélien Hamelle, Président Strategy & Sustainability chez TotalEnergies.