TotalEnergies a averti d’une baisse significative de ses marges de raffinage européennes au troisième trimestre 2024, attribuée à la correction des prix des produits pétroliers après des sommets historiques. Cette chute des marges pèse lourdement sur les bénéfices dans le segment downstream du géant énergétique français.
Lors de la mise à jour trimestrielle du 15 octobre, TotalEnergies a indiqué que ses marges de raffinage en Europe s’élevaient en moyenne à 15,40 $ par tonne au troisième trimestre. Ce chiffre représente une baisse de 66% par rapport au deuxième trimestre, marquant la plus forte diminution trimestrielle en plus de cinq ans.
Un environnement de marges difficile
Comme la plupart des raffineurs mondiaux, TotalEnergies a profité de marges en forte hausse après le choc causé par la guerre en Ukraine au deuxième trimestre 2022, qui a bouleversé les chaînes d’approvisionnement en pétrole. Les marges ont alors atteint des niveaux records. Cependant, avec une reprise des flux commerciaux et des pressions économiques affectant la consommation, les prix des produits raffinés ont continué de baisser tout au long de 2024.
La dernière fois que TotalEnergies avait enregistré des marges de raffinage plus faibles, c’était au troisième trimestre 2021, avec un chiffre de 8,80 $ par tonne. Avant l’invasion russe, la moyenne annuelle de 2021 était de 10,25 $ par tonne.
Coûts des matières premières et ajustements de production
Bien que le prix du baril de Brent ait légèrement diminué au troisième trimestre, passant de 85 $ à 80,30 $, cette baisse n’a pas suffi à compenser le recul plus marqué des marchés des produits pétroliers. Ce contexte a poussé les raffineurs à réduire la production, après un été marqué par une production élevée pour tirer profit de marges encore relativement favorables historiquement.
Les analystes de Commodity Insights ont réduit leurs prévisions de production pour le quatrième trimestre de 50 000 barils par jour en raison des premiers signes de ralentissement économique, tandis que les taux d’utilisation des raffineries en Europe devraient passer de 83 % en septembre à 82 % en octobre et novembre.
Les perspectives pour l’hiver
Les travaux de maintenance automnaux dans des raffineries clés en Europe, comme celles de Frederica au Danemark et de Pembroke au Royaume-Uni, devraient limiter les excédents d’approvisionnement. Cependant, la demande reste faible, et les stocks de produits raffinés se sont accumulés dans le hub d’Amsterdam-Rotterdam-Anvers en septembre. Malgré une légère baisse des stocks de gasoil début octobre, les perspectives de croissance en Europe restent moroses, et un hiver doux pourrait limiter la demande en fioul domestique.
Les grandes entreprises de raffinage européennes, telles que BP, Shell et OMV, ont également connu une série de résultats négatifs dans le segment downstream, avec des marges atteignant des niveaux historiquement bas, certains cas remontant à la crise du COVID-19.
Une pression croissante dans l’upstream
Dans le segment upstream, TotalEnergies prévoit une production totale d’hydrocarbures de 2,4 millions de barils équivalents pétrole par jour (boe/j), légèrement en baisse par rapport aux 2,45 millions boe/j enregistrés au cours des trois trimestres précédents. Cette diminution représente un plus bas de plusieurs années.
Les perturbations de la production en Libye, qui a perdu environ la moitié de sa production de brut en septembre en raison d’une crise politique, ont contribué à cette baisse. De plus, des arrêts imprévus au projet de GNL Ichthys en Australie ont également pesé sur la production, bien que le projet Mero 2 au Brésil ait offert un certain soutien.
LNG, moteur de croissance future
TotalEnergies prévoit que le GNL (gaz naturel liquéfié) mènera sa croissance dans la production d’hydrocarbures jusqu’en 2030. La société table sur une croissance annuelle d’environ 3 % d’ici la fin de la décennie, en grande partie grâce à des projets majeurs lancés en 2024 au Brésil, au Suriname, en Angola, à Oman et au Nigeria.
La société a également anticipé que ses résultats intégrés dans le GNL dépasseraient 1 milliard de dollars au troisième trimestre, avec un prix moyen du GNL de 9,91 $ par million de Btu (Mbtu) au troisième trimestre, soit une amélioration de 6 % par rapport au deuxième trimestre.