Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a lancé un appel à Donald Trump pour qu’il conserve les engagements climatiques des États-Unis s’il est élu à la présidence. Lors d’un entretien avec le Financial Times, Pouyanné a exprimé ses craintes concernant les conséquences d’une dérégulation excessive, qui pourrait nuire à l’image de l’industrie pétrolière et complexifier les relations entre le secteur et le public.
Selon Patrick Pouyanné, une réglementation stricte, notamment dans le cas des émissions de méthane, serait préférable à un « Far West » réglementaire. Il a ainsi réaffirmé l’importance d’une EPA (Environmental Protection Agency, l’Agence américaine de protection de l’environnement) rigoureuse pour maintenir un cadre réglementaire en faveur des objectifs climatiques.
Durant son précédent mandat, Donald Trump avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, avant que cette décision ne soit annulée par son successeur, Joe Biden. En vertu de cet accord, les États-Unis se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Trump a cependant annoncé son intention de révoquer ces engagements climatiques en cas de nouvelle élection, ce qui suscite des inquiétudes chez les acteurs de l’industrie énergétique.
Pour TotalEnergies, ces engagements sont cruciaux pour éviter une diabolisation de l’industrie pétrolière. Selon Pouyanné, une rupture des engagements climatiques accentuerait les tensions entre l’industrie et l’opinion publique, rendant difficile tout dialogue constructif pour une transition énergétique mesurée.
Une vision prudente de l’Inflation Reduction Act
En parallèle, le cadre stratégique de TotalEnergies s’est prononcé sur l’avenir de l’Inflation Reduction Act (IRA), un programme de soutien aux technologies bas carbone aux États-Unis. Lors de la présentation de l’Energy Outlook 2050, Aurélien Hamelle, Directeur Général de la Stratégie et de la Durabilité chez TotalEnergies, a estimé que les chances d’un renversement de cette loi sont faibles. « Pour que cette loi soit remise en cause, il faudrait un Congrès entièrement républicain avec une majorité dans les deux chambres, ce qui semble peu probable selon les commentateurs politiques », a expliqué Hamelle.
Les bénéfices de l’IRA pour les États républicains
Hamelle a également souligné que l’IRA bénéficie directement à de nombreux États et districts républicains, favorisant ainsi l’implantation de projets d’énergie bas carbone dans des zones où les républicains détiennent une influence politique significative. Cette dynamique pourrait limiter les velléités d’abrogation de la loi au sein du parti républicain lui-même, qui profite des retombées économiques locales de ces investissements.
En janvier 2021, TotalEnergies avait choisi de quitter l’American Petroleum Institute (API), une organisation influente regroupant les industriels américains des hydrocarbures, en raison de désaccords sur la question climatique. Le groupe français avait notamment reproché à l’API son soutien à un allègement des régulations sur les émissions de méthane, son opposition aux aides aux véhicules électriques et sa position divergente sur la tarification du carbone.
Par cette décision, TotalEnergies avait montré sa volonté de prendre ses distances avec des politiques de lobbying jugées contraires à ses engagements en matière de transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique.