Le conglomérat japonais Toshiba a indiqué jeudi qu’il était en faveur de l’offre publique d’achat (OPA) proposée par un consortium japonais mené par le fonds de capital-investissement Japan Industrial Partners (JIP). L’offre de rachat est estimée à près de 2 000 milliards de yens, soit environ 14 milliards d’euros, et le prix proposé est de 4 620 yens par action, soit une prime de moins de 10% par rapport au cours de clôture de l’action Toshiba jeudi à la Bourse de Tokyo.
Cependant, le conseil d’administration de Toshiba n’a pas encore recommandé cette offre à ses actionnaires. L’OPA du consortium devrait être lancée fin juillet au plus tôt, selon le groupe.
Le rachat de Toshiba par des investisseurs étrangers semblait difficilement concevable en raison du caractère très sensible de nombreuses activités du groupe pour l’État japonais, notamment dans le nucléaire, la défense, les semi-conducteurs ou encore les technologies quantiques. Une solution japonaise s’est ainsi dessinée avec JIP, qui s’est associé avec 17 entreprises nippones et 6 banques du pays pour monter son offre.
Toshiba a longtemps été un symbole de l’industrie nippone triomphante, mais a connu ces dernières années une profonde crise de gouvernance, avec des départs en cascade de ses dirigeants devant une fronde de ses actionnaires activistes. En 2015, le groupe avait été éclaboussé par un énorme scandale de maquillage de ses comptes, suivi de pertes massives liées notamment à la déroute de sa filiale américaine d’équipements nucléaires Westinghouse, aujourd’hui revendue. Jouant sa survie, Toshiba avait alors dû se séparer de nombreux actifs, dont sa précieuse activité de puces-mémoires Toshiba Memory, aujourd’hui Kioxia, dont il possède cependant toujours 40%.
Cette OPA pourrait « enfin assurer une certaine stabilité et continuité », ce dont Toshiba « a probablement le plus besoin », a déclaré un analyste de LightStream Research. Il est « tout à fait plausible » que le rachat par JIP entraîne une « certaine grogne » parmi les quelque 116 000 employés de Toshiba, mais toute restructuration moins lourde que les 7-8 dernières années dramatiques devrait probablement être considérée comme un moindre mal.
Le groupe avait récemment abaissé ses objectifs pour son exercice 2022/23 en raison de charges exceptionnelles plus importantes que prévu. Cette OPA pourrait donc être une bouffée d’oxygène pour Toshiba. Le groupe n’a pas encore recommandé cette offre à ses actionnaires, mais ce rachat pourrait marquer un nouveau chapitre dans l’histoire de l’ancien fleuron industriel et technologique nippon.