THE GRAND ETHIOPIAN RENAISSANCE DAM : POURQUOI L’ENJEU EST-IL SI IMPORTANT SUR LE NIL ?
La République arabe d’Egypte, la République fédérale démocratique d’Ethiopie et la République du Soudan sont engagées dans un conflit concernant l’utilisation des eaux du Nil, ce qui pourrait mettre à mal leurs relations. Ce désaccord provient du barrage éthiopien. Situé sur le Nil, “The Grand Ethiopian Renaissance Dam” (GERD), a un volume de 10 200 000 mètres cube et vaut plus de 4,8 millions de dollars.
Les trois pays ont convenu de finaliser un accord pour remplir et exploiter le barrage au mois de juin 2020, à la suite d’un sommet d’urgence des dirigeants organisé par l’Union Africaine. Cependant, les discussions se sont conclues sans réels accords sur les questions clé comme : les protocoles d’atténuation de la sécheresse ou un mécanisme de règlement des différends.
Les caractéristiques du Grand Ethiopian Renaissance Dam
Le Grand Ethiopian Renaissance Dam sera un barrage poids de 175 m de haut et de 1 800 m de long fait à partir de béton BCR.
Son volume va s’élever à environ 10 000 000 de mètres cube et son réservoir disposera de 79 kilomètres cube de capacité de stockage.
Le GERD disposera de trois réservoirs, dont un capable d’évacuer 1 500 mètres cube par seconde.
La puissance installée de ce projet devrait avoisiner les 6 000 MW, ce qui devrait faire du barrage de la Renaissance le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.
L’importance du Nil dans ces pays
Le Nil part des rivières équatoriales que se jettent dans le lac Victoria, et trace sa route jusqu’à la mer Méditerranée. Le fleuve parcourt plus de 6 695 km et traverse 11 pays : le Burundi, l’Erythrée, l’Ethiopie, l’Egypte, le Kenya, le Soudan, la Tanzanie, le Rwanda, l’Ouganda, la RDC et le Sud-Soudan.
Le Nil est le fleuve le plus important d’Ethiopie. Cependant, le barrage se trouve près de la frontière entre l’Ethiopie et le Soudan, au grand désespoir de l’Egypte qui dépend du Nil pour la majorité de ses besoins en eau.
La construction de ce barrage au début du parcours du Nil pourrait donc avoir d’énormes conséquences sur les pays qui en dépendent.
Les difficultés engendrées par le GERD en Egypte
Située en aval du fleuve, l’Egypte dépend du Nil à 90% pour ses besoins en eau, et estime que la construction de ce barrage menacera son approvisionnement pour l’agriculture, la consommation domestique et sa production d’hydroélectricité.
Les intérêts du barrage pour l’Ethiopie
Actuellement, on estime que 85% des eaux du Nil proviennent des hauts plateaux éthiopiens, ce qui pourrait expliquer pourquoi le pays considère le remplissage de son barrage à partir du Nil Bleu est un droit inaliénable.
Une fois achevé, le Grand Ethiopian Renaissance Dam produira 6 450 MW d’hydroélectricité. Cela permettra au pays de disposer d’électricité pour ses 110 millions d’habitants avec un surplus suffisant pour exporter dans les pays voisins. L’Ethiopie deviendrait alors un centre régional d’exportation d’électricité. A noter également, que plus de 50 millions d’Ethiopiens n’ont pas accès à l’eau.
Les Accords de 1929
Un accord bilatéral
Dans ses revendications, l’Egypte cite un accord de 1929, signé avec la Grande-Bretagne.
Cet accord a eu pour but d’accorder 48 milliards de mètres cube par an du Nil à l’Egypte et de donner un droit de veto au pays sur la gestion de l’eau et les projets de construction en amont du Nil. Le but de la manoeuvre était de maintenir un débit d’eau “sain” dans le fleuve.
En 1959, ce traité a été révisé et un accord entre le Soudan indépendant et l’Egypte a été signé. Cette révision a fait passer la part Égyptienne des eaux du Nil à 55,5 milliards de mètres cube par an, et celle du Soudan de 4 à 18,5 milliards de mètres cube par an.
Par ailleurs, tout cela avait garanti à l’Egypte qu’aucun ouvrage ne serait mis en place le long du Nil qui pourrait menacer les intérêts du pays.
Où est l’Ethiopie dans ce traité ?
L’Ethiopie n’a pas été consultée lors de l’élaboration de cet accord, ni consultée dans la négociation. Pour le pays qui n’a jamais été colonisé, être tenu captif d’un accord remontant à l’époque coloniale est très mal perçu.
L’Ethiopie est catégorique, elle construira le battage avec ou sans accord en 2022. Malgré cette position ferme, le pays est prêt à négocier les conditions d’utilisation des eaux du fleuve avec l’Egypte et le Soudan.
Le Grand Ethiopian Renaissance Dam, source de tensions entre les trois pays
Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie a déclaré à plusieurs reprise qu’elle démarrerait le remplissage du barrage en dépit de l’avis des autres pays à la mi-juillet 2020. Le Caire a fait appel au Conseil de sécurité des Nations Unies face à cette décision de remplir le barrage.
Depuis 2011, date d’annonce du projet éthiopien, les tensions entre Le Caire et Addis-Abeba ont débuté opposant : volonté éthiopienne de produire de l’électricité pour son peuple aux craintes de pénuries d’eau égyptiennes.