Le Texas s’impose comme un acteur central dans la chaîne de valeur du carbone aux États-Unis, avec plus de $10bn d’investissements engagés dans le captage, l’utilisation et le stockage de dioxyde de carbone. L’État mise sur ses infrastructures pétrolières existantes, son réseau de pipelines, et un sous-sol riche en formations géologiques pour structurer une nouvelle industrie énergétique autour de la gestion du carbone.
Un contexte fédéral favorable à l’investissement
L’adoption de la loi fédérale One Big Beautiful Bill Act (OBBBA) en 2025 a redéfini les conditions économiques de la gestion du carbone aux États-Unis. Elle a notamment modifié le crédit d’impôt 45Q, dédié au captage et à la séquestration du dioxyde de carbone. Ce changement aligne désormais les incitations fiscales pour les projets qui stockent le carbone et ceux qui le valorisent industriellement, qu’ils soient issus de captage direct dans l’air (DAC) ou de sources ponctuelles industrielles.
Cette évolution réduit considérablement l’écart de rentabilité entre les différentes technologies et renforce l’attractivité des projets hybrides. Pour les États disposant d’un tissu industriel dense et de formations géologiques propices, cela ouvre la voie à une mobilisation rapide de capitaux et d’acteurs industriels.
Infrastructure et gisements géologiques sous-exploités
Le Texas dispose déjà de 2 325 miles (environ 3 740 km) de pipelines dédiés au CO₂, soit plus de 40 % du réseau national. Cela lui confère un avantage logistique stratégique pour relier les émetteurs aux sites de stockage ou de valorisation. À cela s’ajoute une production annuelle de 367mn de tonnes de CO₂, concentrée autour des pôles industriels de Houston, Corpus Christi, Dallas-Fort Worth, Austin et San Antonio.
Sur le plan géologique, l’État possède une capacité de stockage estimée à plus de 1.6bn de tonnes de CO₂, répartie entre réservoirs pétroliers épuisés et aquifères salins profonds. Ces réservoirs sont considérés comme des solutions de confinement éprouvées, avec des coûts d’exploitation relativement faibles. Le processus réglementaire progresse également : l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a proposé d’approuver en juin 2025 la demande du Texas pour obtenir l’autorité sur les permis d’injection souterraine (puits de Classe VI), facilitant ainsi la mise en œuvre de futurs projets.
Des projets industriels de grande envergure
Parmi les investissements récents, Occidental Petroleum s’est engagé à construire pour $500mn une installation DAC dans le bassin permien, avec une capacité annuelle de captage de 500 000 tonnes de CO₂. ExxonMobil a quant à elle finalisé l’acquisition du réseau de pipelines Denbury, long de 1 300 miles, pour $1.9bn. L’entreprise développe également à Baytown un complexe d’hydrogène bleu d’une valeur de $7bn, combinant production d’hydrogène et captage de plus de 7mn de tonnes de CO₂ par an.
Ces investissements témoignent d’un changement structurel dans l’orientation stratégique du secteur énergétique texan, qui commence à intégrer pleinement la gestion du carbone dans son modèle économique.
Perspectives économiques à long terme
Selon les projections disponibles, le Texas pourrait attirer entre $12bn et $94bn d’investissements cumulés dans la gestion du carbone d’ici 2050. L’impact économique global, selon le même scénario, atteindrait entre $24bn et $182bn. Ces montants englobent les recettes fiscales, les revenus liés aux marchés volontaires du carbone, ainsi que la création d’emplois.
Le développement de cette industrie pourrait générer jusqu’à 211 000 emplois à l’horizon 2050, selon les niveaux d’adoption. Ces postes couvriraient l’ensemble de la chaîne de valeur : ingénierie, construction d’infrastructures, exploitation de hubs industriels et production technologique autour du captage et de la valorisation du carbone.