HD Hyundai, entreprise sud-coréenne, et TerraPower, acteur majeur américain du nucléaire, ont signé un partenariat stratégique pour développer des composants essentiels du réacteur nucléaire modulaire Natrium. Ce projet, situé à Kemmerer, Wyoming, représente une nouvelle étape dans l’évolution des petits réacteurs modulaires (SMR) et leur rôle dans la décarbonation.
Le réacteur Natrium, d’une capacité de 345 MW, est basé sur la technologie Sodium Fast Reactor (SFR). Ce type de réacteur utilise des neutrons rapides pour générer de l’énergie et un refroidissement au sodium liquide. Cette configuration améliore considérablement la sécurité et réduit les déchets nucléaires, qui représentent environ un vingtième de ceux des réacteurs traditionnels.
La demande croissante pour les SMR
Alors que les gouvernements et entreprises cherchent à atteindre des objectifs ambitieux de neutralité carbone, l’intérêt pour les SMR continue de croître. Ces réacteurs offrent une alternative économique et adaptable aux grandes centrales nucléaires, souvent confrontées à des défis liés à la sécurité et à l’acceptation publique.
Selon une étude de MarketsandMarkets, le marché des SMR pourrait passer de 5,7 milliards de dollars en 2022 à 6,8 milliards de dollars en 2030, avec un taux de croissance annuel de 2,3 %. Les projets comme Natrium démontrent comment cette technologie pourrait redéfinir la politique énergétique mondiale en diversifiant les sources d’énergie bas-carbone.
Technologie et stratégie des acteurs
Pour mener à bien ce projet, HD Hyundai prévoit de mobiliser les compétences de son affilié Hyundai Heavy Industries. Cette entreprise a acquis une expertise dans les projets complexes, comme l’International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER) et le Korean Superconducting Tokamak Advanced Research (KSTAR).
Les cuves des réacteurs, élément central du projet Natrium, seront fabriquées pour garantir le contrôle optimal des températures et la sécurité des opérations. Ces cuves accueilleront le cœur du réacteur où se déroulera la fission nucléaire.
Un contexte énergétique en transformation
Le projet Natrium s’inscrit dans un contexte mondial où les politiques énergétiques s’orientent vers la décarbonation. Avec des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les gouvernements, particulièrement aux États-Unis, envisagent de renforcer l’utilisation de l’énergie nucléaire comme source d’énergie propre et fiable.
La Nuclear Regulatory Commission (NRC), autorité américaine de régulation, joue un rôle essentiel dans la supervision de ces projets. La réalisation de Natrium dépendra de l’obtention des autorisations nécessaires pour sa construction et son exploitation. L’objectif est de finaliser le réacteur d’ici 2030.
Enjeux politiques et industriels
Cette collaboration entre HD Hyundai et TerraPower témoigne de l’évolution des relations stratégiques entre la Corée du Sud et les États-Unis dans le domaine énergétique. Les partenariats bilatéraux dans les secteurs clés, tels que le nucléaire, s’intègrent dans une vision commune pour renforcer la sécurité énergétique tout en réduisant les émissions.
Le développement des SMR s’inscrit aussi dans des enjeux géopolitiques plus larges, avec une compétition croissante pour dominer ce secteur technologique. Les investissements dans ces réacteurs pourraient transformer les stratégies énergétiques nationales et internationales à moyen terme.