SK Group, un des plus grands conglomérats sud-coréens, annonce vouloir investir dans le nucléaire. SK s’intéresse alors aux SMR. Parmi les candidats potentiels, nous retrouvons Terra Power, fondée par Bill Gates.
SK songe à investir dans TerraPower
Fondée en 2006, TerraPower conçoit des petits réacteurs modulaires (SMR) et prévoit de construire son premier réacteur à Kemmerer, dans le Wyoming, d’ici 2028. Le projet estimé à 4 milliards de dollars. Il devrait commencer en 2024 selon l’entreprise.
Un porte-parole du groupe SK confirme que TerraPower est un investissement potentiel. Toutefois des détails restent à régler, tels que la taille de l’investissement, les partenariats, et la part de l’entreprise.
Cet intérêt pour les SMR et TerraPower intervient alors que Chey Tae-won, PDG du groupe SK, a promis de réduire ses émissions de CO2 de 200 millions de tonnes métriques d’ici 2030. Ce chiffre, selon le groupe coréen, correspond à environ 1 % de l’objectif mondial d’élimination du carbone d’ici 2030.
De plus, le président élu, Yoon Suk-yeol a annoncé son soutien au nucléaire. En 2021, le nucléaire a généré 27 % de l’électricité sud-coréenne. On observe un changement dans la politique énergétique du pays, puisque Moon Jae-in est opposé au nucléaire.
Le Japon, un partenaire de TerraPower
Le chaebol coréen n’est pas le seul à être intéressé par TerraPower. L’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) tout comme l’industriel Mitsubishi Heavy Industries (MHI), a déjà annoncé un accord avec la firme américaine.
Le groupe japonais a annoncé participer au développement du réacteur de quatrième génération. De plus, il doit fournir un soutien technique. Par cette collaboration le groupe entend :
« En tirer l’expertise et le savoir-faire nécessaire pour faire progresser l’innovation nucléaire au Japon. »
Relancer le nucléaire japonais
Depuis 2011, et Fukushima, la filiale japonaise peine à se relancer. Suite aux ravages du séisme, et du tsunami, le pays a été contraint de mettre son parc nucléaire à l’arrêt. Aujourd’hui, seuls 10 réacteurs ont redémarré après des travaux conséquents. 50 réacteurs sont toujours à l’arrêt, la moitié d’entre eux ne redémarreront jamais.
Ainsi, en s’associant à TerraPower, le gouvernement espère relancer le secteur nucléaire japonais. Ce dernier lui permet de réduire ses émissions de GES tout en assurant son indépendance énergétique.
TerraPower développe un projet innovant
Le projet de TerraPower est à moitié financé par le Département de l’Énergie américain. Son objectif est de construire un réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium. De plus, la technologie dite de « surgénération » doit permettre de réutiliser le plutonium issu du combustible usagé.
Ce système de refroidissement, Natrium, met en avant un système innovant de stockage d’énergie. En remplaçant l’eau par le sodium, qui a une température d’ébullition supérieure, on évite d’utiliser un liquide de refroidissement pressurisé. Ainsi, il est possible de réduire le coût de l’installation.
Sa puissance serait de l’ordre de 345 MW. Cependant, la centrale Natrium peut rapidement augmenter ou diminuer sa puissance totale, ce qui lui permet de s’adapter selon les besoins.
Bill Gates mise sur le nucléaire pour la transition énergétique
Bill Gates se montre de plus en plus présent dans le secteur nucléaire. Il est à la tête de TerraPower depuis sa création, en 2006. Il voit dans le nucléaire un moyen d’atteindre la neutralité carbone. Ainsi, il multiplie les investissements dans les entreprises du secteur.
En 2020, TerraPower s’associe à Bechtel pour penser le réacteur Natrium. Cette dernière collabore avec TerraPower en matière de conception, d’autorisation d’approvisionnement, et de construction de centrales, dans le cadre d’une subvention fédérale.
En outre, en 2021, Bill Gates investit dans Ambri, leader du secteur des batteries. Celles-ci proposent une longue autonomie mais aussi une résilience importante. Ainsi, ces batteries permettent de réduire les coûts de l’électricité. L’investissement du milliardaire a pour but de développer le stockage énergétique de longue durée, et à l’échelle globale.
En somme, l’activité de Bill Gates souligne son engagement en faveur de l’innovation nucléaire. Celui-ci, combiné à son projet, semble avoir attiré l’attention du Group SK. Si le consortium sud-coréen envisage un investissement, rien n’est fixé à ce jour.