Terra Carta, le Prince de Galles publie une charte ce 11 janvier exhortant les entreprises à soutenir un avenir écologiquement durable. En ce sens, les géants du secteur bancaire se sont unis au Prince Charles. Ils forment désormais un groupe de travail sur le financement net zéro : la Financial Services Task Force (FSTF).
Zoom sur la charte Terra Carta ambitieuse, résolue, mais possiblement inefficace sans prise de position claire.
Terra Carta : un accord de verdissement économique et politique
Investir 7,3 milliard GBP£ dans la transition énergétique et écologique
La charte Terra Carta, ce plan de redressement climatique de 17 pages a été publiée le 11 janvier dernier. Elle affirme que les « droits et valeurs fondamentaux de la nature » doivent être placés au cœur de l’économie mondiale.
C’est pourquoi elle prévoit d’investir 7,3 milliards GBP£ dans la transition vers les énergies propres. On y retrouve 100 mesures que la société peut prendre. Dans le but de soutenir la protection et la restauration d’un minimum de 30% de la biodiversité, sur terre et sous l’eau, d’ici 2030 et de 50% d’ici 2050
La Terra Carta appelle les grandes entreprises à signer, dans l’espoir qu’elles actualisent et verdissent leurs politiques et leurs actions. Jusqu’à présent, plusieurs grandes marques comme AstraZeneca, HSBC, Heathrow Airport et BP ont signé.
En signant la charte, les entreprises reconnaissent formellement que 2050 est le seuil absolu pour fixer des objectifs nets zéro. Et dans la mesure du possible, elles s’engagent à aller plus loin et plus vite que les dispositions prises initialement.
10 milliards USD$ en « capital naturel » d’ici 2022
La Terra Carta vise donc à fournir une feuille de route vers un avenir équitable et durable. Dans ce but, le Prince de Galles désire combiner la puissance de la Nature à l’innovation et aux ressources du secteur privé.
L’une des initiatives découlant de la charte est donc une alliance du secteur privé. Effectivement, Terra Carta est lancée aux côtés d’un fonds géré par la Natural Capital Investment Alliance. Il vise à mobiliser 10 milliards USD$ en « capital naturel » d’ici 2022.
Une charte dont la substantialité est encore à démontrer
Le traité voit son efficacité remise en cause
Terra Carta est un accord prometteur et vise à dépasser tous les accords déjà existants liés au réchauffement climatique. Parmi eux se trouve l’Accord de Paris sur le climat, les Objectifs de développement durable (ODD), la Convention sur la diversité biologique, la Convention sur la lutte contre la désertification et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
Mais son efficacité concrète reste à prouver. Pour beaucoup, l’accord ne pourrait provoquer aucun changement radical. À la différence de documents tels que la Déclaration des droits, Terra Carta n’a pas vraiment de statut juridique.
Les Nations Unies affirment que le monde se réchauffera d’au moins 3 °C au cours de ce siècle. Un chiffre bien supérieur à l’objectif de 1,5 °C énoncé dans l’Accord de Paris. Et ce, même si les pays respectent leurs engagements actuels en matière d’émissions en vertu du traité.
Bien qu’il s’agisse d’un traité officiel, la Terra Carta ne créée aucune obligation légale pour lutter contre le réchauffement climatique. À cet égard, ce document de principes s’apparenterait plus à une demande qu’à une obligation de changement.
Rendre les entreprises responsables de leurs engagements volontaires
Or, des dispositions contraignantes, comme le rapport d’engagement des acteurs, pourraient tout de même permettre une certaine évolution. Effectivement, les pays et entreprises doivent régulièrement rendre compte de leurs progrès par rapport aux cibles d’émissions soumises. Le cadre instauré par la Terra Carta tiendra donc les entreprises responsables de leurs engagements volontaires.
M. Rudyk, directeur du programme climat à la faculté de droit de l’Université de New York, parle du pouvoir incitateur de la Terra Carta. Selon lui, cette divulgation s’est avérée être l’élément-clé du succès des accords internationaux :
« D’une certaine façon, c’est le but de la Terra Carta – Faire rapport sur [les engagements] et s’en servir pour inciter les gens à se conformer. »
Un soutien bienvenu du secteur financier
La Financial Services Task Force
En ce sens, le secteur des services financiers a un rôle vital à jouer. Il sera à la fois le catalyseur et le moteur de changement dans d’autres industries.
Le Prince de Galles a donc lancé la Sustainable Markets Initiative (SMI), co-présidée par le PDG de Bank of America, Brian Moynihan. Pour le SMI, la Terra Carta sert de « mandat directeur ». Il sera mis à jour annuellement au cours des dix prochaines années.
La SMI du Prince de Galles a récemment annoncé que des dirigeants de grandes banques se sont joints à lui. Ses membres formeront un nouveau groupe de travail sur les services financiers : La Financial Services Task Force (FSTF). Il inclura, entre autres, des dirigeants de HSBC, BNP Paribas, Barclays, NatWest, Bank of America. Son but sera d’orienter la communauté des investisseurs vers la trajectoire nette zéro dans la préparation de la COP26.
S’appuyer sur la mise à l’échelle des marchés volontaires du carbone
Pour ce faire, ils s’appuieront sur des travaux concernant la mise à l’échelle des marchés volontaires du carbone. En appuyant, par exemple, la création d’un « marché mondial profond et liquide pour les crédits de carbone ». Cela assurera le flux de capitaux destinés aux efforts de réduction des émissions.
Dans une déclaration confirmant le développement du groupe de travail, le Prince Charles avait exprimé son souhait de créer une coopération particulière :
« En lançant l’Initiative des marchés durables l’an dernier, mon objectif était de réunir des dirigeants mondiaux, dans le cadre d’une « Coalition des Volontaires » ».
Et ce, de toutes les industries et de presque tous les secteurs de l’économie. Ce groupe de travail marque donc une première réalisation concrète répondant à ses objectifs.