Teresa Ribera, ministre de l’Écologie en Espagne, se profile comme une candidate de choix pour un poste de commissaire européenne dans la nouvelle équipe dirigée par Ursula von der Leyen. Sa nomination potentielle intervient à un moment charnière pour la politique énergétique de l’Union européenne (UE), alors que les débats sur l’avenir du Pacte vert européen s’intensifient. Ribera souhaite lier compétitivité économique et transition écologique, un axe de développement clé pour l’UE dans un contexte de pression internationale croissante sur les marchés de l’énergie.
Positionnement Stratégique et Priorités Politiques
Avec une carrière ancrée dans la politique environnementale et énergétique, Ribera possède une expertise reconnue. Ancienne secrétaire d’État au Changement climatique, elle a également dirigé l’Institut du Développement durable et des Relations internationales (IDDRI) à Paris, où elle a participé aux discussions qui ont conduit à l’Accord de Paris en 2015. En Espagne, elle a supervisé des réformes majeures, notamment sur le marché de l’électricité, visant à favoriser les énergies renouvelables comme l’hydrogène vert. Cependant, ses décisions et sa ligne antinucléaire ne font pas l’unanimité en Europe, où plusieurs États membres continuent de considérer le nucléaire comme une composante essentielle de la décarbonation de leur économie.
Son approche, qui combine pragmatisme et fermeté, s’est heurtée à des résistances, tant au niveau national qu’européen. Ribera estime que les coûts d’une inaction en matière de transition énergétique surpassent largement ceux des réformes nécessaires. Cette perspective s’accompagne de critiques de certains acteurs, notamment dans le secteur agricole espagnol, qui ont exprimé des inquiétudes sur l’impact de ses politiques sur leurs activités.
Défis et Perspectives au Sein de la Commission Européenne
La possible arrivée de Teresa Ribera à la Commission européenne ouvre des perspectives de débat intense sur l’avenir de la politique énergétique de l’UE. Sa position clairement antinucléaire pourrait polariser les discussions, notamment face aux pays comme la France, qui considèrent le nucléaire comme indispensable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Cette divergence de vues entre les États membres risque de compliquer la recherche d’un consensus sur les prochains objectifs du Pacte vert.
Ribera a également montré une certaine inflexibilité face aux géants de l’énergie en Espagne, tels qu’Iberdrola et Repsol, qu’elle a publiquement critiqués pour leur manque de transparence et leur gestion des enjeux climatiques. Son style de négociation, axé sur le dialogue mais ancré dans des principes clairs, pourrait également provoquer des frictions avec d’autres commissaires européens et les groupes d’intérêts industriels, qui privilégient une approche plus graduelle.
Un Engagement à Double Tranchant
En tant que future commissaire, Ribera devrait naviguer avec prudence entre l’ambition de renforcer la compétitivité de l’UE par la transition verte et la réalité des tensions internes entre les États membres. La stratégie énergétique européenne doit non seulement relever le défi de la diversification des sources d’énergie, mais aussi répondre aux exigences économiques des différents pays membres. Si Ribera maintient sa ligne politique actuelle, elle devra démontrer que la transition vers les énergies renouvelables peut s’opérer sans compromettre la croissance économique.
L’équilibre à trouver sera délicat, notamment avec l’influence croissante des pays d’Europe centrale et orientale, qui se montrent réticents à des politiques perçues comme trop contraignantes ou coûteuses. L’habileté de Ribera à rallier des soutiens au-delà de ses alliés traditionnels déterminera sa capacité à impulser des réformes substantielles.