Le système électrique européen est mis sous tension, en raison des fortes chaleurs en Europe. Ces épisodes caniculaires entraînent une forte demande en énergie. L’enjeu est d’être en mesure d’y répondre. S’ajoute à cela, le contexte géopolitique tendu avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. De fait, la Russie limite ses exportations de gaz mettant à mal l’approvisionnement européen.
Par conséquent, alors que l’Europe appelle à la sobriété énergétique, le climat ne facilite pas la tâche. Avec des températures sans précédent, la demande en énergie explose.
Des niveaux de chaleur records en Europe
En Grande-Bretagne, les températures atteignent les 40,3 degrés Celsius. Le précédent record enregistré en 2019 est de 38,7 degrés.
L’opérateur de réseau électrique britannique National Grid (NG.L) a même alerté sur la forte demande actuelle. Cette alerte vise à encourager les exploitants de centrales à mettre davantage de capacité dans leur réseau. Ce type d’alerte est plus courante en cas de forte demande de chauffage mais rare en été.
L’alerte s’explique par de multiples facteurs. D’une part, il y a des exportations élevées. D’autre part, l’énergie éolienne produit peu. Enfin, la demande est plus élevée.
En outre, l’Allemagne craint une évaporation importante de l’eau du Rhin. Des niveaux d’eau trop bas pourraient entraver le transport de produits tels que le charbon.
Selon un porte-parole de l’agence allemande de navigation intérieure, WSA, « [l]a pluie de ces derniers jours a amélioré la situation, mais les eaux peu profondes entravent la navigation sur l’ensemble du fleuve en Allemagne au sud de Duisburg avec des navires transportant des charges considérablement réduites ».
Un approvisionnement énergétique difficile
Étant donné le redémarrage des flux du gazoduc Nord Stream, l’Europe souhaite remplir ses stocks en gaz d’au moins 80% d’ici novembre. Elle est actuellement à environ 65%. À noter, les flux russes sont seulement à 40% de leur capacité.
Par ailleurs, Fabian Ronningen, analyste énergétique de Rystad, a déclaré :
« La quantité de gaz stocké en Europe augmente mais le taux d’injection dans le stockage a ralenti suite aux interruptions d’approvisionnement en provenance de Russie. (…) En fait, cela avait l’air plutôt bien jusqu’au 10 juillet environ, lorsque Nord Stream 1 s’est effondré et que les flux russes ont massivement diminué à cause de cela et que les taux d’injection ont diminué (…) Avec la situation exacerbée par la chaleur, atteindre l’objectif de 80% de l’Union européenne d’ici novembre « sera certainement difficile»
Les niveaux de stockage de gaz en Europe sont beaucoup plus élevés par rapport à l’an dernier. Toutefois, ces niveaux restent en dessous de la moyenne sur 5 ans.
Concernant l’électricité, les centrales nucléaires européennes rencontrent des problèmes. Certaines sont incapables de fonctionner à plein régime en cas de fortes chaleurs. Cela s’explique par la difficulté à refroidir les rivières.
Que faire pour l’hiver ?
La Commission européenne travaille sur tous les scénarios concernant les flux de gaz vers l’Europe. Il en découle des plans d’urgence établis le 20 juillet. Ces plans visent à réduire volontairement la consommation en gaz de 15% jusqu’en mars. Cette réduction volontaire est cruciale pour pouvoir se chauffer cet hiver, en l’absence de gaz russe.
Ainsi, Henning Gloystein, directeur du groupe Eurasia, a déclaré :
« La plupart du gaz que l’Europe reçoit actuellement, peut encore être injecté dans le stockage. (…) Le plus gros problème, cependant, est probablement que les réseaux électriques à travers l’Europe doivent se préparer à ce que ce type de chaleur se produise beaucoup plus fréquemment, car ces records « absolus » semblent être battus à maintes reprises maintenant. »