Le champ pétrolier Tengiz, le plus important du Kazakhstan et exploité par Chevron Corporation, a atteint un niveau de production record en octobre, suscitant des inquiétudes quant à la capacité du pays à respecter les quotas de production établis par l’alliance OPEP+. Cette augmentation de la production survient dans un contexte de tensions accrues au sein de l’OPEP+, où le Kazakhstan est cité aux côtés de l’Irak et de la Russie pour non-conformité aux engagements de réduction de la production pétrolière cette année.
En octobre, la production quotidienne de Tengiz a atteint 699 000 barils par jour (bpd), contre 687 000 bpd en septembre, marquant une hausse significative de 30 % par rapport à août, après l’achèvement des opérations de maintenance. Tengizchevroil, l’opérateur du champ, qui regroupe Chevron (50 %), Exxon Mobil Corp (25 %), KazMunayGaz AO (20 %) et Lukoil (5 %), a investi plus de 70 milliards de dollars depuis le début du projet en 1993. L’énergie kazakhe n’a pas encore fourni de commentaires sur ses plans de production pétrolière pour 2024 et 2025.
Contexte et Importance de Tengiz dans l’Économie Kazakhe
Le Kazakhstan, classé parmi les dix principaux producteurs mondiaux de pétrole, dépend fortement de trois champs majeurs : Tengiz, Karachaganak et Kashagan. Le quota de production pétrolière du pays dans le cadre de l’accord OPEP+ est fixé à 1,468 million de bpd. En septembre, le Kazakhstan a dépassé ce quota d’environ 170 000 bpd, illustrant les difficultés du pays à maintenir une discipline de production stricte.
La récente augmentation de la production de Tengiz complique davantage la situation, même si une réduction temporaire est prévue grâce à la mise en maintenance du champ Kashagan, qui produit 400 000 bpd. Karachaganak devrait maintenir son niveau de production régulier de 228 000 bpd. Cette suspension temporaire permettra au Kazakhstan de respecter son quota pour octobre, mais la reprise des activités à Kashagan en novembre risque de relancer les problèmes de conformité.
Expansion et Investissements au Champ Tengiz
Chevron et ses partenaires prévoient d’étendre la production de Tengiz à 850 000 bpd au premier semestre de 2025, avec des coûts d’expansion estimés à environ 49 milliards de dollars. Cette expansion témoigne de l’engagement des entreprises impliquées à maximiser le potentiel de production du champ, malgré les contraintes imposées par l’OPEP+. Toutefois, cette augmentation de la capacité de production pourrait rendre difficile le respect des quotas futurs de l’OPEP+, mettant potentiellement à mal les relations au sein de l’alliance.
L’expansion du champ Tengiz représente non seulement une opportunité économique pour le Kazakhstan, mais aussi un défi stratégique. Avec une capacité accrue, le pays pourrait renforcer sa position sur le marché mondial du pétrole, mais cela pourrait également attirer des sanctions ou des pressions supplémentaires de la part de l’OPEP+, qui cherche à réguler l’offre mondiale pour stabiliser les prix.
Pressions et Réactions de l’OPEP+
Le leader de l’OPEP+, l’Arabie Saoudite, a réitéré à plusieurs reprises la nécessité pour les producteurs rivaux de respecter leurs engagements de réduction de la production. L’Arabie Saoudite a souligné que l’amélioration de la conformité est une priorité immédiate avant que l’OPEP+ envisage de libérer davantage de barils à partir de décembre. Cette insistance reflète une stratégie plus large visant à stabiliser les marchés pétroliers mondiaux et à maintenir les niveaux de prix face à une demande fluctuante et à des incertitudes politiques régionales.
Les déclarations de l’Arabie Saoudite mettent en lumière les tensions internes au sein de l’OPEP+, où certains membres cherchent à maximiser leurs revenus en augmentant la production, tandis que d’autres, comme le Kazakhstan, sont en désaccord avec ces objectifs. Cette dynamique pourrait conduire à des négociations difficiles et à une réévaluation des quotas de production pour les membres de l’alliance.
Implications pour le Kazakhstan et l’Alliance OPEP+
L’expansion du champ Tengiz représente un enjeu crucial pour l’économie kazakhe, qui dépend largement des revenus pétroliers pour sa stabilité économique. Cependant, cette croissance de la production met le Kazakhstan en position délicate vis-à-vis des engagements internationaux de l’OPEP+. Le retour à une production normale après la maintenance de Kashagan en novembre pourrait contraindre le pays à revoir ses stratégies de production ou à négocier des exemptions au sein de l’alliance pour maintenir ses bénéfices économiques tout en respectant les accords de l’OPEP+.
Cette situation illustre les défis auxquels sont confrontés les pays producteurs de pétrole : équilibrer les impératifs économiques nationaux avec les engagements internationaux visant à réguler l’offre mondiale de pétrole. Pour le Kazakhstan, la navigation entre ces deux exigences sera déterminante pour son avenir au sein de l’OPEP+ et pour sa croissance économique à long terme.
Perspectives Futures et Stratégies Potentielles
À l’avenir, le Kazakhstan devra explorer diverses stratégies pour concilier ses ambitions de croissance avec les exigences de l’OPEP+. Cela pourrait inclure l’ajustement de la production d’autres champs pétrolifères, la diversification de l’économie nationale pour réduire la dépendance au pétrole, ou la négociation d’accords spécifiques au sein de l’OPEP+ pour obtenir une certaine flexibilité dans les quotas.
Par ailleurs, les investissements massifs dans l’expansion de Tengiz témoignent de la confiance des entreprises impliquées dans le potentiel à long terme du champ. Cependant, cette expansion pourrait également attirer une attention accrue des régulateurs et des partenaires internationaux, nécessitant une gestion prudente pour éviter les conflits d’intérêts et maintenir des relations harmonieuses au sein de l’alliance OPEP+.