Taro Kono se présente ainsi pour prendre la succession de son actuel chef de Parti et Premier Ministre, Yoshihide Suga. Son élection à la tête du Parti Libéral-Démocrate (PLD) le propulserait également au poste de Premier ministre du Japon. Faut-il encore qu’il remporte les élections du PLD organisées mercredi 28 septembre 2021 en début de matinée (heure de Paris). L’actuel député et ministre en charge du Covid-19 est, pour l’heure, en tête des sondages.
Taro Kono fervent opposant au nucléaire
Taro Kono affiche une ligne politique plutôt libérale. Favorable à la privatisation de l’économie, il est surtout soutenu pour sa défense de l’industrie des énergies renouvelables (EnR). Un parti pris par opposition au nucléaire que l’homme rejette depuis l’accident de la centrale nucléaire Fukushima.
« Nous avons tellement dépendu de l’énergie nucléaire. Ce n’est pas un choix politique. C’est à cause des bureaucrates, des compagnies d’électricités et des politiciens qui ont un intérêt direct à promouvoir le nucléaire. », déclarait le canddiat au lendemain de l’accident de Fukushima.
En 2018, le candidat a suscité la controverse en s’immisçant dans les débats sur l’énergie. Alors ministre des Affaires étrangère, il a en effet convoqué un panel ayant soutenu un appel à se débarrasser de l’énergie nucléaire et du charbon.
Mais en s’attaquant à la bureaucratie, l’« iconoclaste », comme le qualifie la presse japonaise, s’est également directement attaqués aux lobbies de l’industrie. Or, au sein même de son Parti, 40% des membres adhèrent au parti en tant que membres d’associations de l’industrie.
« Si Kono gagne et essaie ensuite de briser les intérêts acquis, les membres du parti pourraient se rebeller contre lui. Auquel cas Kono pourrait se retrouver le dernier d’une série de dirigeants qui, comme son prédécesseur, étaient forcé de démissionner après un mandat. », explique Hiroshi Izumi, journaliste japonais.
Cette position anti-nucléaire pourrait donc être un frein à son élection ou à son maintien au poste de Premier ministre.
Le candidat revoit sa copie sur le nucléaire
Par conséquent, le candidat tempère aujourd’hui sa position sur le nucléaire en réponse aux inquiétudes de certains membres du PLD. Il est ainsi dorénavant prêt à accepter le redémarrage des centrales nucléaires à l’arrêt. Cela, afin que le Japon réalise son objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. L’aspirant reste toutefois fidèle à ses principes :
« Les centrales nucléaires finiront par disparaître, mais je ne dis pas qu’elles doivent être mises au rebut immédiatement, comme demain ou l’année prochaine ».
Fervent défenseur des énergies renouvelables
Face au nucléaire et aux énergies fossiles, l’homme de 58 ans défend l’idée d’un approvisionnement croissant en EnR. Notamment dans le secteur de l’approvisionnement électrique. Le Japon étant le 2ème plus grand marché de l’électricité au monde derrière la Chine.
Assouplir la règlementation sur les EnR
En 2020, Taro Kono a mis en place un groupe de travail pour éliminer les obstacles réglementaires entravant le passage du Japon aux énergies renouvelables. Depuis, de nombreux investisseurs parient sur son élection et ont acheté des actions dans l’industrie des EnR.
Les sociétés du renouvelable espèrent que le candidat déclenchera des changements permettant un meilleur accès au marché. Ainsi que la mise en place de règles plus équitables, après des années de négligence. En parallèle, des entreprises de premier plan mettent la pression sur le gouvernement actuel. Une stratégie qui fonctionne puisque le Japon a atteint ses objectifs de déploiement des énergies nouvelles plus vite que prévu.
Le Japon déjà sur la voie de la transition énergétique
Les EnR représentaient déjà 22% des approvisionnements énergétiques du Japon en 2020. Atteignant ainsi l’objectif national de déploiement une décennie plus tôt que prévu.
Le METI (Ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie) a ainsi revu à la hausse son objectif de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Passant ainsi de 24% à 36% d’ici à 2030. Le ministère lance également les campagnes pour le développement de l’éolien offshore très prometteur.
Par ailleurs, les énergies alternatives sont de plus en plus populaire dans les sondages d’opinion. En parallèle, plus de la moitié de la population est toujours opposée au recours à l’énergie nucléaire selon un sondage de la chaine nationale NHK.
Le mix énergétique du Japon est donc en pleine mutation. La montée en puissance des énergies nouvelles est inévitable pour remplacer les combustibles fossiles qui ont alimenté le pays après Fukushima. Taro Kono, s’il est élu, sera donc amené à entreprendre des réformes pour une croissance viable des énergies propres.