Tarifs américains : l’Inde augmente ses importations de brut brésilien de 80 % en 2025

Les importations indiennes de brut brésilien atteignent 72 000 barils par jour au premier semestre 2025, sous l’effet des sanctions américaines, et devraient croître avec de nouveaux contrats et projets amont entre Petrobras et les raffineurs indiens.

Partager:

Abonnez-vous pour un accès illimité à toute l'actualité du secteur de l'énergie.

Plus de 150 articles et analyses multisectorielles chaque semaine.

À moins de 3/semaine*

*Engagement annuel

L’Inde et le Brésil renforcent leur coopération énergétique alors que Washington applique des tarifs punitifs de 50 % sur leurs exportations. Pour New Delhi, la diversification des approvisionnements pétroliers est devenue un impératif : la part du brut russe dans ses importations reste dominante mais suscite une dépendance jugée risquée. Pour Brasilia, l’enjeu est de trouver de nouveaux débouchés pour une production en hausse, alors que plus de 60 % de ses exportations pétrolières actuelles sont destinées à la Chine.

Sanctions américaines et réorientation commerciale

En août 2025, les États-Unis ont imposé un droit additionnel de 25 % sur les exportations indiennes, portant le tarif total à 50 %. En parallèle, les exportations brésiliennes vers les États-Unis ont été frappées par la même taxe, bien que certains produits énergétiques aient été exemptés. Ces mesures représentent une charge estimée à plus de 12 milliards de dollars pour les exportateurs indiens et brésiliens sur une base annuelle, selon des calculs officiels.

La réponse diplomatique a été immédiate. Narendra Modi et Luiz Inácio Lula da Silva ont convenu d’accélérer les échanges bilatéraux, avec pour objectif de porter le commerce global entre les deux pays de 16 milliards de dollars en 2024 à 20 milliards de dollars en 2030. L’énergie représente l’un des piliers de cette stratégie, aux côtés de la défense, de l’agriculture et des technologies.

Hausse rapide des flux pétroliers

Au premier semestre 2025, l’Inde a importé en moyenne 72 000 barils par jour (b/j) de pétrole brut brésilien, contre 41 000 b/j un an plus tôt, soit une augmentation de 75 à 80 %. Sur la même période, la Russie a fourni environ 1,67 million b/j à l’Inde, représentant plus de 40 % du panier, tandis que les États-Unis ont expédié 271 000 b/j (+51 %). L’Irak et l’Arabie saoudite, traditionnellement premiers fournisseurs, ont vu leurs volumes reculer de 2 à 4 %.

Le Brésil se place ainsi parmi les fournisseurs émergents de New Delhi, derrière le Nigeria, dont les expéditions vers l’Inde ont atteint 228 000 b/j au premier semestre (+26 % sur un an). Cette dynamique confirme une réallocation progressive vers des bruts non-OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole).

Grades de brut et coûts logistiques

Les cargaisons indiennes en provenance du Brésil se composent majoritairement de bruts moyens doux issus du pré-sal, avec environ 43 % de Lula/Tupi, 28 % de Sépia et 14 % d’Atapu. Le brut lourd Peregrino a représenté environ 14 % des volumes. L’Indian Oil Corporation (IOC) a réceptionné la majorité des cargaisons à son terminal de Paradip, tandis que Reliance Industries a importé Peregrino via son port de Sikka.

Acheminer un pétrolier très grande capacité (VLCC) du Brésil à l’Inde prend environ 28 à 30 jours, contre 6 à 8 jours depuis le Golfe. Les coûts de fret se situent entre 15 et 20 dollars par tonne métrique, soit près de trois fois plus que les 4 à 6 dollars par tonne depuis le Moyen-Orient. Ce différentiel oblige le Brésil à accorder des décotes de 1 à 2 dollars par baril pour rester compétitif.

Contrats récents et nouveaux accords

En février 2025, Petrobras a conclu un contrat d’un an avec Bharat Petroleum Corporation Limited (BPCL) portant sur un volume de 6 millions de barils de brut, soit environ 16 500 b/j. Cet accord, renouvelable, constitue la première fourniture de terme entre Petrobras et un raffineur indien. Il vient s’ajouter aux cargaisons ponctuelles achetées par IOC et Reliance.

Petrobras a également signé deux protocoles d’accord : l’un avec ONGC Videsh (filiale internationale d’ONGC), l’autre avec Oil India Limited. Ces accords prévoient une coopération technique sur l’exploration en eaux profondes et ultra-profondes, ainsi qu’un partage d’expertise sur les biocarburants.

Exposition amont et production attendue

Les compagnies indiennes détiennent déjà des participations au Brésil. ONGC possède une part dans le champ BC-10 (bassin de Campos), opéré par Shell, tandis que Bharat Petroleum détient des intérêts dans cinq blocs offshore. Actuellement, la production attribuée aux sociétés indiennes ne dépasse pas 8 000 barils équivalent pétrole par jour.

De nouveaux projets devraient cependant changer l’échelle : les champs Wahoo, SEAP-1 et SEAP-2 doivent entrer en production entre 2024 et 2027. Selon les projections, ces développements pourraient porter la production revenant aux entreprises indiennes à environ 40 000 barils équivalent pétrole par jour d’ici 2028, soit cinq fois plus qu’actuellement.

Concurrence asiatique et arbitrages indiens

La Chine, premier importateur mondial de brut, capte déjà plus de 60 % des exportations brésiliennes. En 2024, Pékin a importé environ 1,3 million b/j en provenance du Brésil, soit près de dix-huit fois plus que l’Inde. Les raffineries chinoises, confrontées aux restrictions sur le brut iranien, intensifient leurs achats de grades brésiliens, ce qui pourrait limiter l’accès indien.

L’Inde maintient donc une stratégie de diversification : en 2025, elle a augmenté ses achats de brut américain à 271 000 b/j, tout en conservant une dépendance forte aux barils russes. Les flux brésiliens s’inscrivent dans cet équilibre, offrant une source supplémentaire mais contrainte par la concurrence régionale et les coûts logistiques.

Au-delà du pétrole : bioénergie et renouvelables

L’Inde et le Brésil sont également liés par la Global Biofuels Alliance, créée en 2023 avec les États-Unis. En juillet 2025, les deux gouvernements ont signé un protocole d’accord sur les énergies renouvelables, couvrant l’éthanol, le carburant d’aviation durable (SAF) et les coopérations solaires et hydrogène. Le Brésil, qui produit plus de 30 milliards de litres d’éthanol par an, pourrait accroître ses exportations vers l’Inde, où le taux d’incorporation de bioéthanol a dépassé 12 % en 2025, contre 5 % en 2015.

Ces accords témoignent d’une diversification de la coopération énergétique, mais le pétrole brut reste la priorité immédiate compte tenu des volumes et de l’urgence de sécuriser des alternatives aux flux russes et moyen-orientaux.

Un partenariat en construction

Les sanctions américaines ont accéléré une tendance déjà en cours : l’Inde cherche à élargir son portefeuille d’approvisionnements et le Brésil veut diversifier ses débouchés au-delà de la Chine et des États-Unis. Les contrats signés en 2025, la hausse des flux maritimes et les projets amont offrent des premiers jalons concrets. La question demeure de savoir si ces initiatives permettront de faire du Brésil un fournisseur structurel pour l’Inde, ou si elles resteront limitées par les contraintes logistiques et les arbitrages économiques.

Reprise des forages sur le champ Sèmè : le Bénin relance sa production pétrolière

Après vingt-sept ans d'inactivité, le champ offshore de Sèmè voit le redémarrage des opérations sous la direction d’Akrake Petroleum, avec l’objectif d’une mise en production d’ici fin 2025.

Chine : les raffineries augmentent leurs cadences mais conservent un excédent pétrolier

En juillet, la Chine a maintenu un excédent de pétrole brut de 530 000 barils par jour malgré des niveaux élevés de raffinage, confirmant une stratégie d’accumulation face à des prix mondiaux fluctuants.

Obsidian Energy rachète pour 1,4 million $ de dettes obligataires non garanties

La société canadienne a finalisé une opération de rachat partiel de ses obligations à haut rendement, bien en deçà du montant initialement proposé de 48,4 millions de dollars.
en_1140170842540

SNF acquiert Obsidian Chemical Solutions et renforce son ancrage dans le bassin permien

SNF rachète Obsidian Chemical Solutions, PME texane spécialisée dans les solutions chimiques pour la complétion pétrolière. Montant et conditions de l’opération non communiqués, mais l’acquisition s’inscrit dans un marché nord-américain en expansion.

La justice américaine suspend la cession de 51 % des actions d’YPF à des créanciers

Une cour d’appel de New York a gelé temporairement l’exécution d’un jugement ordonnant à l’Argentine de céder 51 % du capital d’YPF, en attente de l’examen de l’appel engagé par Buenos Aires.

Poutine signe un décret ouvrant la voie à un retour d’Exxon sur Sakhaline-1

Un nouveau décret présidentiel russe autorise potentiellement Exxon Mobil à reprendre sa participation dans Sakhaline-1, sous conditions strictes liées aux sanctions occidentales et à la logistique des équipements.
en_1140170840540

Un tribunal sud-africain bloque un projet pétrolier de TotalEnergies au large du Cap

La justice sud-africaine a annulé l’autorisation accordée à TotalEnergies pour explorer un bloc offshore de 10.000 km², contraignant le groupe à une nouvelle procédure incluant une consultation publique.

Un fonds affilié à Elliott relève son offre à 8,82 milliards $ pour la maison-mère de Citgo

Amber Energy, affiliée au hedge fund Elliott Investment Management, a déposé une offre de 8,82 milliards $ pour PDV Holding, accentuant la concurrence dans le processus judiciaire de vente supervisé dans le Delaware.

L’OPEP révise ses prévisions pétrolières mondiales pour 2026 à 106,5 millions b/j

Le rapport d'août de l'OPEP dévoile une production russe supérieure aux quotas et une domination commerciale en Asie, tandis que le Kazakhstan dépasse massivement ses engagements de réduction.
en_1140320828540

La shadow fleet russe bouleverse les équilibres pétroliers mondiaux en Asie

Des centaines de tankers vieillissants transportent du pétrole russe vers l'Asie, contournant les sanctions occidentales tout en créant des risques environnementaux majeurs et transformant les flux commerciaux mondiaux.

L’EIA prévoit un baril de Brent sous 60 $ dès fin 2025, autour de 50 $ jusqu’en 2026

La U.S. Energy Information Administration anticipe une baisse marquée des prix du pétrole, portée par une offre excédentaire et un assouplissement anticipé des réductions de production d’OPEP+.

Dangote obtient un refinancement syndiqué de 4 milliards $ mené par Afreximbank

Afreximbank mène un financement syndiqué pour la raffinerie Dangote, incluant 1,35 milliard $ de sa part, afin d’alléger la dette et stabiliser les opérations du complexe pétrolier nigérian.
en_1140130826540

ADNOC L&S défie les turbulences maritimes avec des résultats records au deuxième trimestre

Le géant logistique émirati affiche une croissance de 40% de ses revenus malgré des taux de fret maritimes déprimés, portée par l'intégration de Navig8 et l'expansion stratégique de sa flotte.

International Petroleum rachète 98 900 actions dans le cadre de son programme 2025

International Petroleum Corporation a procédé à un rachat de 98 900 actions ordinaires entre le 4 et le 8 août 2025 dans le cadre de son programme de rachat en cours.

Valmet signe un accord national pour fournir des services de vannes à Petrobras

Valmet assurera la fourniture et la maintenance des vannes Neles™ de Petrobras dans toutes ses opérations au Brésil, dans le cadre d’un contrat d’un an renouvelable jusqu’à cinq ans.
en_1140120828540

Vantage Drilling finalise la vente du Tungsten Explorer à une coentreprise avec TotalEnergies

Vantage Drilling a cédé le navire de forage Tungsten Explorer à une coentreprise avec TotalEnergies, tout en conservant sa gestion opérationnelle pour une durée minimale de dix ans.

L’OPEP+ réduit sa production malgré des quotas plus élevés en juillet

La production pétrolière de l'OPEP+ a chuté à 41,65 millions de barils par jour en juillet 2025, révèle l'enquête Platts de S&P Global, alors que l'Arabie Saoudite normalise sa production après les tensions Iran-Israël de juin.

Keyera étend KAPS avec 85 km supplémentaires et contrats de 11 ans sécurisés

Keyera engage l’extension Zone 4 du réseau KAPS, soutenue par des accords long terme couvrant 75 000 barils par jour de capacité contractée.
en_1140100834540-2

Norvège inaugure Johan Castberg, moteur d’activité et de maintenance offshore

Le champ pétrolier Johan Castberg démarre à pleine capacité, assurant production et opérations de maintenance sur plusieurs décennies dans la mer de Barents.

Le Canada rejoint l’UE et le G7 pour réduire le plafond du prix du pétrole russe

Le gouvernement canadien adopte un nouveau plafond dynamique à 47,60 $ le baril pour le pétrole russe, alignant sa position sur celle de l’Union européenne et du Royaume-Uni.

Poursuivez votre lecture en choisissant l’une des options

Compte gratuit

Accès membres

Consent Preferences