Symbion Power LLC, producteur indépendant d’électricité basé à New York, a confirmé un engagement de 700 M $ (environ 648 M €) pour développer une centrale au méthane de 140 MW sur la rive congolaise du lac Kivu. L’annonce constitue le plus important investissement privé jamais déclaré dans le secteur énergétique de l’est de la République démocratique du Congo. Sa réalisation dépend toutefois de la mise en œuvre complète de l’accord de Washington du 27 juin 2025, qui prévoit un cessez-le-feu et un retrait des troupes entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.
Un projet élargi par rapport aux prévisions initiales
En janvier 2023, Symbion avait remporté un appel d’offres pour l’exploitation du bloc gazier de Makelele, avec un projet initial de 60 MW et un budget estimé à 300 M $. Ces données figurent encore sur le site de l’entreprise et dans les documents parlementaires. L’expansion annoncée regroupe désormais cette concession avec une zone adjacente, doublant la capacité prévue et portant le budget à 700 M $, soit une hausse de 133 % du coût et de la taille du projet.
Un levier économique lié au processus de paix
Selon le Département d’État des États-Unis, le projet pourrait bénéficier de garanties de la U.S. International Development Finance Corporation (DFC) et de l’Export-Import Bank (Ex-Im Bank) une fois confirmés le retrait des forces rwandaises et des rebelles du M23 de Goma et des environs. Cette approche s’inscrit dans la logique de l’accord de Washington, qui prévoit de mobiliser des capitaux privés pour consolider le cessez-le-feu.
Impact potentiel sur l’électrification nationale
Le plan initial de 60 MW représentait déjà la plus grande licence d’exploitation de méthane attribuée en République démocratique du Congo. Symbion estimait qu’une telle centrale pourrait augmenter le taux national d’électrification, actuellement proche de 19 %, de deux points de pourcentage après connexion au réseau fragile du Nord-Kivu. La version étendue à 140 MW pourrait couvrir plus de 5 % de l’objectif national d’ajouter 2,5 GW de capacité d’ici 2030.
Le directeur général de Symbion, Paul Hinks, a rappelé que le lancement du projet restait conditionné à la stabilité dans la région, affirmant que le gouvernement congolais devait contrôler Goma et garantir la paix pour permettre la construction.