Suncor Energy abandonne ses investissements dans l’énergie éolienne et le solaire. L’entreprise canadienne annonce se concentrer sur l’hydrogène et les carburants renouvelables afin d’atteindre le net zéro d’ici 2050.
Suncor abandonne l’éolien et le solaire
Au cours des deux dernières décennies, Suncor a développé huit projets d’énergie éolienne dans trois provinces canadiennes. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, l’entreprise prévoit de vendre ces actifs.
Ils comprennent les parcs de Magrath et de Chin Chute de 30 MW en Alberta et le projet Adelaide de 40 MX en Ontario. De plus, la société se sépare de deux projets en cours de construction. Il s’agit du projet Forty Mile (projet éolien de 200 MW) et du projet solaire de Forte Mile (220 MW) en Alberta.
L’entreprise se concentre sur son activité principale
C’est ce qu’elle a déclaré dans une annonce, le 4 avril. L’entreprise souhaite concentrer ses efforts sur des domaines complémentaires à son activité de base, l’extraction et le raffinage de pétrole brut. Mark Lille, PDG de Suncor, déclare :
« Bien que Surcot ait la chance d’être riche en occasions, nous ajustons notre portefeuille pour l’adapter et le cibler. Ce faisant, nous utilisons nos forces, nos avantages et nos ressources pour stimuler le rendement et la valeur pour nos actionnaires à long terme et nous aider à atteindre nos objectifs de réduction des émissions. »
L’entreprise est le plus grand producteur de sables bitumineux du Canada. Or, ceux-ci sont l’un des champs pétrolifères les plus sales au monde. Cependant, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les sables bitumineux sont de plus en plus importants pour la sécurité énergétique de l’Amérique du Nord. Selon S&P Global, le brut canadien devrait passer de 4,8 millions de b/j à la fin de 2021 à 5,24 millions de b/j à la fin de 2022.
Les grands producteurs, comme Suncor, décide alors de fournir des efforts afin de réduire les émissions de CO2 causées par cette production. L’année dernière, Suncor et cinq autres grands producteurs de pétrole du pays, a formé l’Oil Sands Pathways to c Net Zero Alliance. Celle-ci vise la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’Alliance mise sur le centre de CCS de l’Alberta. En effet, ce centre pourrait permettre de stocker toutes les émissions provenant de la production des sables bitumineux. Le projet, financé par des investissements publics et privés, permettrait de collecter environ 22 mt/an d’ici 2030 auprès de plus de 20 exploitations de sables bitumineux en vue de leur séquestration.
Utiliser l’hydrogène pour décarboniser la production
La nouvelle stratégie de l’entreprise comprend un projet annoncé l’année dernière. En partenariat avec ATCO, ce projet doit produire plus de 300 000 mt/an d’hydrogène bas carbone grâce à la capture de CO2 à un taux de 90 %. La plupart de cet hydrogène, 65 %, serait utilisé pour alimenter et réduire les émissions des raffineries de Suncor en Alberta. Un autre 20 % pourrait être utilisé dans le réseau de gaz naturel de l’Alberta.
Brian Murphy, analyste spécialisé dans l’hydrogène chez S&P Global, explique :
« Il est particulièrement intéressant qu’une raffinerie de pétrole ait signé pour absorber cet hydrogène à faible teneur en carbone. La production d’hydrogène à faible teneur en carbone dans ces secteurs en place permet de réduire les émissions actuelles tout en faisant progresser les technologies et les connaissances industrielles qui peuvent être utilisées pour l’expansion dans de nouveaux secteurs. »
Suncor s’associe pour développer les carburants renouvelables
Outre l’hydrogène, Suncor se tourne vers les carburants renouvelables. Ici encore, elle mise sur des partenariats. Ainsi, elle s’associe à KanzaJet et Enerkem.
Suncor s’intéresse à Enerkem, leader dans la transformation des déchets, depuis plusieurs années. En effet, en 2019 elle acquiert une participation dans la société québécoise. Plus tard dans l’année, elle investit 50 millions de dollars supplémentaires. Enerkem a deux projets canadiens. Le premier, à Edmonton, prévoit de transformer les déchets municipaux non recyclables en éthanol cellulosique. Le second, à Varennes, transformera les déchets de décharge et de bois détournés en biocarburants.
Concernant LanzaJet, spécialisée dans le carburant d’aviation, ce partenariat doit permettre à la société américaine une meilleure maîtrise des technologies. Elle construit actuellement sa première installation de production de SAF à partir d’éthanol. Située en Géorgie, elle doit produire 10 millions de gal/an à partir de 2023. De plus, elle prévoit d’ores et déjà une nouvelle usine dans l’Illinois. Celle-ci doit avoir une capacité de production de 120 millions de gal/an.