Sultan Al Jaber, président de la COP28, a lancé un appel clair et précis aux gouvernements mondiaux lors d’un événement en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Il exhorte les Parties à accélérer la soumission de leurs prochaines Contributions Déterminées au niveau National (NDC) avant la date butoir de février 2025. Cet appel, déjà relayé lors de la COP28, s’inscrit dans une logique de décarbonation globale plus rapide et plus efficace, dans le cadre du consensus émirati.
Al Jaber, tout en s’adressant à une audience de décideurs politiques et économiques, a rappelé que ces NDC représentent bien plus qu’un cadre climatique. Il s’agit de véritables catalyseurs de croissance socioéconomique, permettant aux économies d’intégrer des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables pour accélérer la transition énergétique. Il a insisté sur le fait que les pays doivent percevoir ces contributions non pas comme un fardeau, mais comme une opportunité stratégique de croissance.
Investir dans la transition énergétique et technologique
Le développement des NDC ne doit pas se limiter à des engagements symboliques. Al Jaber a mis en lumière le potentiel de trois grandes tendances mondiales : la transition énergétique, la montée de l’intelligence artificielle (IA) et l’expansion des marchés émergents. Selon lui, ces trois piliers permettront d’accélérer non seulement la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de générer des opportunités de croissance durable, en particulier dans les économies en développement.
Les Émirats Arabes Unis, pionniers dans la diversification de leurs sources d’énergie, en sont un exemple. Depuis 2019, les EAU ont doublé leur capacité en énergie renouvelable et comptent la tripler d’ici 2030. Ce mouvement stratégique s’inscrit dans leur volonté de renforcer leur indépendance énergétique tout en réduisant leur empreinte carbone. Al Jaber a souligné que la décarbonation ne pourra être atteinte sans une intégration massive de technologies comme l’IA, l’efficacité énergétique et l’innovation dans les systèmes de transport et les infrastructures.
La Charte de décarbonation du secteur pétrolier
En parallèle, Al Jaber a mis en avant l’évolution de la Charte de décarbonation du pétrole et du gaz (OGDC), qui est passée de 19 membres à 54, couvrant ainsi 43 % de la production mondiale de pétrole. Ce chiffre démontre la volonté croissante des pays producteurs de participer activement à la réduction de leurs émissions, tout en préservant leurs intérêts économiques. La collaboration avec des acteurs majeurs du secteur permet une transition plus fluide vers des solutions plus propres, tout en maintenant les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Cette charte offre également un cadre pour les entreprises qui souhaitent inclure leurs secteurs dans les NDC à venir. Al Jaber a insisté sur l’importance de l’engagement des industries dans ces plans, soulignant que des approches inclusives permettent d’obtenir des résultats concrets. En cela, les membres de l’OGDC démontrent qu’il est possible d’allier production énergétique traditionnelle et décarbonation. L’anticipation de ces initiatives est cruciale pour maintenir l’objectif de 1,5°C, tout en garantissant une transition sans rupture pour les économies dépendantes des hydrocarbures.
Financements et objectifs collectifs pour la COP29
Un autre aspect central abordé par Sultan Al Jaber est la nécessité de parvenir à un consensus financier à la COP29. Il a souligné l’importance de fixer un objectif collectif quantifié (NCQG) pour les financements climatiques. Ce nouveau cadre financier doit permettre d’orienter les investissements vers les secteurs les plus vulnérables, en particulier ceux des pays en développement.
La mise en place de ce mécanisme permettra d’assurer une meilleure répartition des fonds et de renforcer l’impact des NDC. Pour que la décarbonation soit effective, des moyens financiers conséquents doivent être alloués aux technologies vertes et aux infrastructures énergétiques à faible émission. Sans cette contribution financière significative, il sera difficile d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux.
Des actions immédiates pour accélérer la transition
Pour renforcer cette dynamique, Al Jaber a annoncé que les Émirats Arabes Unis soumettront leur prochaine NDC avant la COP29, illustrant ainsi leur engagement en matière de décarbonation. Cette contribution couvrira l’ensemble des secteurs économiques, y compris l’énergie, l’industrie, les transports et les déchets. Le pays mettra en place un cadre légal rigoureux pour garantir l’atteinte de ces objectifs, avec des jalons temporels précis pour chaque secteur.
En parallèle, la COP Presidencies Troika – un partenariat inédit entre les présidences des COP des Émirats Arabes Unis, de l’Azerbaïdjan et du Brésil – lancera une série d’initiatives pour stimuler les discussions et la coopération autour des NDC. Al Jaber a notamment cité des événements clés tels que le Dialogue climatique de Petersberg en Allemagne et la réunion ministérielle sur l’action climatique à Wuhan, en Chine, qui rassembleront des dirigeants pour élaborer des stratégies climatiques concrètes.
Sultan Al Jaber a réitéré l’urgence d’une action collective rapide et coordonnée. En soumettant des NDC ambitieuses et en investissant massivement dans la technologie et l’innovation, les gouvernements pourront non seulement atteindre leurs objectifs climatiques, mais aussi ouvrir la voie à une croissance économique durable et inclusive.