La stratégie énergétique sud-coréenne fait face à un dilemme, celui de relancer l’industrie nucléaire, ou non, pour la neutralité carbone. Dans le même temps, le gouvernement entend développer le plus grand parc éolien offshore du monde.
Stratégie énergétique ambiguë : l’abandon de 6 projets nucléaires
Certains pays reconsidèrent le rôle de l’énergie nucléaire pour obtenir une économie à faible émission de carbone. Mais la Corée du Sud s’en tient pour l’instant à la politique antinucléaire du président Moon Jae-in.
En effet, le pays a abandonné les projets de construction de six nouvelles centrales nucléaires. Il a également interdit la prolongation de la durée de vie des centrales vieillissantes. À titre d’exemple, le réacteur nucléaire Wolsong-1 a été mis hors service en 2019, après 37 ans d’exploitation.
Second souffle pour le nucléaire après le sommet Corée – États-Unis
En mai 2021, la Corée et les États-Unis se sont réunis lors d’un sommet. Les deux pays ont convenu de coopérer dans le secteur de l’énergie nucléaire. Les discussions portaient notamment sur le développement de petits réacteurs modulaires (SMR).
La volonté du gouvernement semble être de relancer l’industrie nucléaire nationale, mais sans ouvrir de nouvelles centrales sur son sol. Pour cela, le gouvernement coréen prévoit donc de développer l’exportation de sa technologie et de son savoir-faire nucléaire à l’étranger.
Un partenariat pour une centrale en République Tchèque
Cette résurgence du nucléaire intervient alors que le gouvernement s’oriente vers un partenariat avec la société Korea Hydro & Nuclear Power. L’objectif est de répondre à un appel d’offres concernant un projet de centrale nucléaire à Dukovany, en République tchèque.
Cette stratégie énergétique s’oppose notamment à celle du Japon. Ce dernier a récemment redémarré trois vieux réacteurs nucléaires sur son territoire pour atteindre ses objectifs climatiques.
12 GW d’éolien offshore prévus
En parallèle, Séoul veut développer l’éolien offshore pour son propre approvisionnement en énergie verte. Le pays veut construire le plus grand parc éolien flottant offshore du monde à Ulsan. Le projet coûtera environ 32 milliards de dollars, pour un potentiel de 12 GW.
Cependant, pour optimiser l’approvisionnement en énergie, le parc doit se situer en eaux plus profondes, plus loin en mer. Ce projet nécessite donc le développement d’éoliennes flottantes. Or, Séoul ne dispose pas de la technologie nécessaire, et s’en remet uniquement à l’industrie sud-coréenne pour la développer.
Une politique énergétique protectionniste
Par cette politique protectionniste, le gouvernement se coupe ainsi de l’expertise d’acteurs mondiaux majeurs. D’ailleurs, plusieurs entreprises internationales se sont plaintes du processus d’entrée sur le marché sud-coréen. Ces dernières évoquent l’absence de feuille de route claire sur la transition énergétique, ainsi qu’un favoritisme pour les entreprises sud-coréennes.
Les grandes ambitions du gouvernement se heurtent également aux parties prenantes du secteur de la pêche. Ces dernières pourraient se plaindre de l’installation d’éoliennes massives qui entraveraient leur activité. Les municipalités locales pourraient alors refuser de délivrer le permis de construire, ce qui freinerait le projet.
Un manque de clarté sur la stratégie énergétique du pays
Au-delà des négociations et de l’engagement des pouvoirs pour la transition énergétique, le véritable enjeu concerne la volonté politique. Le gouvernement doit prouver sa capacité à diriger clairement l’avenir énergétique du pays, encore trop dépendant du charbon.
La stratégie énergétique coréenne, notamment à propos du nucléaire, manque donc de clarté. En comparaison, les engagements politiques de la Chine et de Taïwan semblent beaucoup plus forts et impactants.