Plusieurs évènements récents ont entraîné le marché européen du gaz naturel dans une spirale, avec encore plus volatilité à venir. En cause, la réduction des flux russes passant par Nord Stream, l’arrêt de Freeport ou encore les déclassements nucléaires français. Selon Wood Mackenzie, la recharge des stocks après la période estivale serait également menacée en l’absence de mesure supplémentaire.
Les stocks européens menacés par l’incertitude
La réduction des flux passant par Nord Stream provoque l’inquiétude quant aux stocks gaziers européens. Kateryna Filippenko, analyste de l’offre mondiale de gaz pour le cabinet Wood Mackenzie, déclare à ce sujet:
« L’incertitude est grande. Les déclassements de Freeport et du nucléaire français offrent un certain degré de prévisibilité, mais l’approvisionnement de Gazprom en Europe est la plus grande inconnue. »
L’Europe fait face à Nord Stream
Selon elle, l’Europe serait toujours en mesure de stocker son objectif de 80% de gaz d’ici le 1er novembre, même avec les pannes de Freeport et les déclassements. Néanmoins, cela suppose que Gazprom redémarre Nord Stream à pleine capacité, et que les flux russes soient aux niveaux attendus. Or, d’après Mme Filippenko, cela semble « peu probable. »
À l’inverse, si les flux sont maintenus à 45% de la capacité de Nord Stream ou s’arrêtent, l’issue se complique. Ainsi, Mme Filippenko évoque la possibilité que l’Europe ne puisse remplir qu’entre 69% et 60% de ses stocks. Elle explique:
« Si Gazprom continue de restreindre les flux, dans les deux cas, le stockage s’épuisera tout au long de l’hiver, à moins que d’autres mesures d’offre ou de demande ne soient prises, ou que Gazprom n’envoie du gaz supplémentaire via les capacités de réserve disponibles en Ukraine, bien que nous pensions que cela soit très improbable. »
De nouvelles mesures à prendre ?
Madame Filippenko soulève ainsi la probable nécessité de nouvelles mesures afin d’approvisionner les stocks de gaz naturel européens. Ainsi, les mesures supplémentaires relatives à la demande pourraient toucher les économies d’énergie et les changements de combustible. Du côté de l’offre, elles pourraient représenter une augmentation de la production néerlandaise et des compléments norvégiens et algériens.
La baisse de la demande asiatique, liée aux prix élevés, devrait néanmoins rendre du GNL disponible pour l’Europe. La capacité de regazéification, limitée en Europe du Nord-Ouest continentale, continuera cependant de contraindre cette augmentation. Par ailleurs, toute réduction des flux de Nord Stream augmentera de nouveau les prix, réduisant la demande asiatique et européenne.
L’analyste conclut en conséquence sur la nécessité de nouvelles mesures face à l’instabilité du marché gazier:
« La situation évolue rapidement, et l’Europe pourrait se retrouver dans un monde sans gaz russe plus tôt que prévu ; les préparatifs doivent donc commencer dès maintenant. »