Après seize mois d’expérimentation, un corridor dédié au transport routier de marchandises par camions électriques est désormais opérationnel entre Avignon et Lille. Ce projet, porté par Sanef, Engie et Ceva Logistics, couvre 900 kilomètres et repose sur un système de relais inspiré des anciennes routes postales.
Un réseau de stations-relais stratégiques
Le tracé est divisé en quatre segments principaux, avec cinq stations-relais situées à Avignon, Lyon, Dijon, Sommesous et Lille, espacées de 200 à 300 kilomètres. Chaque station est équipée d’installations spécifiques, comme à Sommesous, sur l’autoroute A26, où deux bornes de recharge rapide pour poids lourds ont été installées. Lors de chaque arrêt, un camion électrique détache sa remorque et la transfère à un autre camion chargé d’assurer la suite du trajet.
Le modèle permet aux véhicules de contourner les limitations liées à l’autonomie électrique sur de longues distances. « L’utilisation de camions électriques sur des segments autoroutiers d’environ 300 km permet de contourner les contraintes opérationnelles d’autonomie », ont déclaré Sanef, Engie et Ceva Logistics dans un communiqué commun.
Optimisation des opérations logistiques
Selon Engie, la station-relais favorise également un gain de temps significatif. « Comme on n’a pas besoin d’attendre que le camion charge, puisque la remorque va repartir directement, il y a 25% de temps en moins par rapport à un trajet d’un camion diesel qui doit s’arrêter », a précisé Clémence Fischer, directrice générale chez Engie-Vianeo, la filiale d’Engie responsable du déploiement des infrastructures de recharge.
Le dispositif prévoit également une amélioration des conditions de travail pour les chauffeurs, qui peuvent retourner à leur point de départ chaque jour. « Le chauffeur repart de là où il est parti, il rentre à la maison le soir », a indiqué Mme Fischer, soulignant un avantage dans un secteur confronté à une pénurie de main-d’œuvre.
Perspectives d’extension et soutien public
Le projet pourrait s’étendre à d’autres grands axes routiers en France, conditionné par l’électrification progressive des flottes de poids lourds et l’installation de nouvelles stations-relais. Les trois opérateurs ont affirmé que le développement du corridor nécessitera l’appui des pouvoirs publics, en particulier pour le financement des futures infrastructures.
Le corridor Avignon-Lille marque ainsi une étape structurante pour l’intégration de solutions électriques dans le transport de marchandises longue distance en France.