L’annonce du financement de 4,7 milliards $ (environ 4,33 milliards €) par la Banque d’import-export des États-Unis (US Exim Bank) en faveur du projet Mozambique LNG a déclenché une série de critiques émanant de plusieurs figures influentes de la sphère politique et économique américaine. Le projet gazier, situé dans la province de Cabo Delgado au nord du Mozambique, prévoit une capacité de production annuelle de 12,88 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL).
Opposition républicaine et agenda national
Une partie des responsables américains, majoritairement affiliés au Parti républicain et proches de l’ancien président Donald Trump, dénoncent une décision jugée contraire à la stratégie énergétique nationale. Le projet Mozambique LNG est perçu comme une menace directe à la souveraineté énergétique américaine, alors que des infrastructures telles qu’Alaska LNG, avec une capacité prévue de 20 millions de tonnes par an, peinent à mobiliser les financements nécessaires.
L’ancien secrétaire à l’Énergie Rick Perry s’est exprimé contre ce financement, l’accusant de compromettre la doctrine « America First », qui vise à renforcer la production domestique et les exportations américaines. Selon lui, « chaque molécule qui sort de Mozambique LNG concurrence directement les molécules américaines », soulignant l’impact potentiel sur les parts de marché du GNL américain à l’échelle mondiale.
Contexte sécuritaire du Mozambique et risques géopolitiques
Les critiques se sont intensifiées à la lumière des conditions sécuritaires instables du Mozambique. Depuis 2017, la région est confrontée à des attaques de groupes armés, entraînant en 2021 la suspension temporaire du projet Mozambique LNG. Malgré le déploiement de forces rwandaises pour sécuriser la zone, les incertitudes persistent, renforçant les interrogations sur la pertinence d’un tel investissement.
Steve Forbes, président de Forbes Media, Jamieson Greer, ancien représentant au commerce, et Howard Lutnick, secrétaire américain au Commerce, ont également exprimé leurs doutes. Pour eux, la priorité devrait être donnée aux projets intérieurs, mieux encadrés et moins exposés à des risques géopolitiques majeurs.
Appels à revoir la stratégie de l’US Exim Bank
Charlie Kirk, militant conservateur et fondateur de Turning Point USA, est allé plus loin en réclamant une réévaluation du rôle même de l’US Exim Bank. Il a appelé le Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) à examiner l’impact de ce financement sur les intérêts nationaux, et évoqué l’idée de supprimer entièrement l’agence fédérale. « L’argent des contribuables américains ne devrait pas financer les entreprises étrangères pour qu’elles investissent à l’étranger », a-t-il déclaré.
Ces déclarations reflètent une fracture croissante à Washington sur la place des investissements énergétiques internationaux et sur les priorités stratégiques du pays en matière de sécurité énergétique et de compétitivité globale.