L’incendie qui a ravagé une grande raffinerie pétrolière située à 71 kilomètres au nord de Khartoum a fait l’objet d’un bras de fer verbal entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Chacune des parties a rejeté la responsabilité de l’attaque sur l’autre, amplifiant ainsi les accusations d’escalade du conflit.
Selon un communiqué officiel de l’armée, ce sont les FSR qui ont mis le feu à la raffinerie dans un geste qualifié de « tentative désespérée » de détruire les infrastructures pétrolières du pays, après plusieurs échecs dans leur tentative de prendre le contrôle des ressources nationales. L’armée a souligné que cet acte faisait partie d’une série de stratégies visant à déstabiliser davantage le Soudan.
D’autre part, les FSR ont accusé l’armée soudanaise d’être la responsable de cette destruction. Ils affirment que ce sont des frappes aériennes, lancées par des bombes-barils, qui ont ciblé la raffinerie dans la matinée. Pour les paramilitaires, cet acte s’inscrit dans une série de « crimes de guerre » commis par l’armée depuis le début du conflit.
Des témoins sur place ont rapporté avoir observé de lourds panaches de fumée noircir le ciel autour de l’installation pétrolière. Ce site est l’une des plus grandes raffineries de pétrole du pays, jouant un rôle stratégique dans l’approvisionnement énergétique de la nation.
Escalade du conflit militaire à Khartoum
L’incendie de la raffinerie intervient dans un contexte d’intensification des combats à Khartoum. Cette semaine, l’armée soudanaise a annoncé une avancée vers le nord de la capitale, plus précisément vers Khartoum-Nord (Bahri), où elle mène des opérations militaires pour expulser les FSR de leurs positions stratégiques. Cette offensive survient après la reprise de Wad Madani, capitale de l’État d’Al-Jazira, située au centre du Soudan.
L’armée soudanaise a renforcé ses positions dans le nord et l’est du pays, tandis que les FSR continuent de contrôler des zones clés à l’ouest, notamment dans le Darfour, ainsi qu’au Kordofan, au sud du pays. La guerre a déjà causé des dizaines de milliers de morts, et plus de 12 millions de personnes ont été déracinées, faisant de cette crise la plus grande catastrophe humanitaire enregistrée dans la région.
Impact économique et humanitaire
L’attaque de la raffinerie et les violences militaires qui s’intensifient ont des répercussions majeures sur l’économie soudanaise, en particulier sur le secteur pétrolier. Ce dernier représente une part importante des revenus du pays, et la destruction des infrastructures cruciales entrave les capacités de production et d’exportation.
Le pays, déjà en proie à une crise économique aiguë, subit également les effets d’une instabilité politique prolongée, avec un gouvernement divisé et une guerre civile qui menace de paralyser encore davantage l’économie.
Des conséquences géopolitiques régionales
L’affrontement entre l’armée et les FSR dépasse les frontières du Soudan, affectant la région du Sahel et du nord-est de l’Afrique. Les pays voisins, déjà confrontés à des tensions et à des défis liés à la gestion des flux de réfugiés, observent de près l’évolution du conflit. L’instabilité accrue du Soudan risque de provoquer un exode massif de populations fuyant la guerre, tout en alimentant les tensions régionales.
Cette situation s’ajoute aux enjeux stratégiques liés aux ressources naturelles, notamment le pétrole, essentiel pour la stabilité économique du pays et de la région. Les acteurs internationaux, dont les pays voisins et les puissances globales, continuent de suivre cette guerre de près, bien qu’ils soient limités dans leur capacité à influer sur les dynamiques internes du Soudan.