Le gouvernement belge, qui devait trancher ces jours-ci la question de la sortie définitive du nucléaire en 2025, a indiqué qu’il allait prendre le temps d' »une discussion approfondie » sur ce dossier « très technique », qui divise la coalition au pouvoir.
La sortie du nucléaire en Belgique divise la coalition au pouvoir
En toile de fond figure l’incertitude sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique du pays, avec l’arrêt programmé des sept centrales nucléaires qui comptent pour environ 40% de l’électricité produite.
La ministre belge de l’Énergie, l’écologiste flamande Tinne Van der Straeten, doit remettre au Premier ministre Alexander De Croo un rapport complet censé détailler les pistes pour garantir cet approvisionnement, tout en maîtrisant « l’impact sur les prix de l’électricité ». Autre paramètre jugé essentiel.
Elle était censée le faire avant la fin du mois et les vifs débats par médias interposés entre partenaires de la coalition se sont intensifiés à l’approche du 30 novembre 2021.
Les libéraux francophones s’opposent à une sortie complète du nucléaire
Le chef des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez, appuyé par une partie du patronat, s’oppose à une sortie complète du nucléaire, que ses partenaires écologistes et socialistes défendent bec et ongles.
Au vu du rapport de Mme Van der Straeten, Alexander De Croo doit décider si oui ou non le pays peut se passer du nucléaire à l’horizon 2025, un engagement de nouveau réaffirmé noir sur blanc dans l’accord de gouvernement entre sept partis conclu il y a 14 mois.
Lundi soir, le cabinet de M. De Croo a laissé entendre que le « kern » ou conseil des ministres restreint (incluant un vice-Premier ministre de chaque parti) examinerait plusieurs fois le dossier avant toute décision.
1ère réunion du kern le vendredi 3 décembre 2021
Une première réunion du kern est prévue vendredi, au cours de laquelle Mme van der Straeten présentera son rapport, a fait savoir un porte-parole du Premier ministre.
« Ce dossier étant important et très technique, il nécessitera une discussion approfondie et détaillée », a-t-il ajouté.
Interrogé lundi par la radio publique francophone RTBF, M. De Croo a éludé la question d’un recours — comme en France — au nucléaire de nouvelle génération après la fermeture du parc actuel de centrales, très vieillissant.
Il a insisté sur la nécessité de rester « ouvert d’esprit » sur l’apport des « nouvelles technologies ». Il a aussi vanté une Belgique comptant parmi les leaders mondiaux de l’éolien offshore.
Promesse de sortie du nucléaire depuis 2003
La promesse d’une sortie du nucléaire en Belgique d’une manière progressive est inscrite dans la loi depuis 2003. C’est un héritage de la première participation des écologistes à un gouvernement fédéral.
L’échéance initiale a été repoussée. Mais désormais le gouvernement est au pied du mur et doit prendre une décision rendue encore plus complexe par les obligations de réduction des émissions de carbone.
Le recours prévu à de nouvelles centrales au gaz — jugées polluantes — est un des arguments clés des opposants à l’arrêt du nucléaire.