Les dirigeants européens se réunissent jeudi à Bruxelles pour débattre de deux questions cruciales: la politique industrielle de l’UE face à la concurrence américaine et chinoise, ainsi que la gestion des arrivées de migrants aux frontières de l’UE.
La situation en Ukraine et la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky sont attendues pour occuper une grande partie de l’attention médiatique. Cependant, en fin de journée, les dirigeants aborderont également les propositions de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour renforcer la politique industrielle de l’UE.
Soutien aux énergies renouvelables et décarbonation de l’industrie
La présidente de la Commission européenne souhaite donner plus de flexibilité aux Etats membres pour octroyer des aides aux entreprises impliquées dans les énergies renouvelables (solaire, éolien) et la décarbonation de l’industrie (hydrogène, électrification, efficacité énergétique). Les investissements dans de nouvelles usines pourraient être soutenus par des avantages fiscaux. Cependant, cette mesure est controversée et devrait faire l’objet de vives discussions.
Allemagne et France isolées
L’Allemagne et la France, les grands pays riches de l’UE, pourraient profiter excessivement de ces mesures pour soutenir leurs entreprises au détriment de celles de l’UE. L’Italie et plusieurs petits pays tels que l’Autriche, le Danemark et la Finlande sont en faveur d’un mécanisme plus ciblé et limité, mais ils risquent de le rendre insignifiant.
Nouveaux financements
Pour atténuer le risque de fragmentation du marché unique, la France et l’Italie réclament de nouveaux financements communs. La Commission européenne a promis de proposer un fonds de souveraineté européen pour investir dans la recherche ou le capital d’entreprises stratégiques. Cependant, cette idée est rejetée par plusieurs pays, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède.
De plus, la Commission européenne table sur la mobilisation de fonds existants pour financer la transition verte, notamment le plan de relance européen de 800 milliards d’euros appelé NextGenerationEU, dont 250 milliards pourraient être consacrés à la transition verte. Selon le chancelier allemand, Olaf Scholz, l’UE n’est pas loin des 370 milliards de dollars annoncés par les États-Unis dans leur plan climat adopté l’été dernier.
Plusieurs débats
Plusieurs pays s’opposent à inclure le fonds de souveraineté dans les conclusions du sommet. Cependant, selon une source proche de l’Élysée, « il sera bien présent ». Paris entend convaincre de sa nécessité après une évaluation des besoins de financement qui sera menée par la Commission.
Les débats seront également intenses sur la politique migratoire, qui est devenue une question brûlante en Europe en raison de l’augmentation des demandes d’asile en 2022 qui met les systèmes d’accueil de plusieurs pays sous pression. Les dirigeants discuteront d’un contrôle renforcé des frontières extérieures et de la coopération avec les pays d’origine et de transit des migrants pour réduire les arrivées irrégulières et augmenter les expulsions.
La question des clôtures sera également abordée, avec plusieurs pays, tels que l’Autriche, demandant que celles-ci soient financées par le budget de l’UE. La Commission a refusé jusqu’à présent de financer « les murs et les barbelés », mais pas les « infrastructures » de surveillance telles que les caméras ou les détecteurs de mouvement.
Les dirigeants ont convenu d’utiliser « tous les outils » disponibles, y compris des mesures restrictives en matière de délivrance de visas, pour inciter les pays d’origine à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière.
Le sommet européen abordera des questions cruciales telles que la transition verte et la politique migratoire, mais les débats seront difficiles en raison de divergences d’opinions entre les pays membres.