Le Premier ministre de la République slovaque, Robert Fico, a déclaré le 20 mars que les négociations en cours avec l’Azerbaïdjan en vue d’un accord de swap gazier se heurtaient à de nombreux obstacles techniques. L’objectif de cette opération serait de maintenir le transit de gaz par l’Ukraine tout en substituant le gaz russe par des volumes équivalents livrés depuis l’Azerbaïdjan. Cette initiative avait été envisagée après la suspension des flux de gaz par l’Ukraine le 1er janvier.
Les limites du mécanisme de substitution
S’exprimant devant la Commission des affaires européennes du parlement slovaque, M. Fico a souligné que « toutes sortes de problèmes techniques » freinaient la conclusion d’un tel mécanisme. Il a insisté sur le fait que les négociations se poursuivaient avec Bakou, mais que la voie la plus stable restait la reprise d’un transit conventionnel via l’Ukraine, sous l’égide de négociations de paix. Il a ajouté qu’une telle solution réduirait les risques de spéculations sur les marchés et de complications logistiques.
M. Fico a précisé que les importations gazières de la région ont subi une hausse de coût estimée à 10 % depuis l’arrêt du transit ukrainien. Il a attribué cette augmentation aux décisions politiques en matière énergétique, estimant qu’elles ne reflètent pas les réalités économiques.
Critiques envers les plans énergétiques européens
Le dirigeant slovaque a également critiqué la feuille de route de la Commission européenne visant à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Selon lui, l’Europe occidentale ne peut fonctionner sans approvisionnement en gaz en provenance de l’est. Il a averti que les mesures administratives proposées pour faire baisser les prix de l’énergie risquaient d’être inefficaces, citant un écart de prix persistant entre le gaz européen et américain.
M. Fico a conditionné le soutien de son pays à de nouvelles sanctions contre la Fédération de Russie à l’absence d’impact sur les perspectives diplomatiques et les intérêts énergétiques stratégiques de la Slovaquie. Il a affirmé que les sanctions existantes n’avaient pas eu d’effet notable sur la vie quotidienne en Russie, tout en signalant des risques pour le secteur nucléaire slovaque en cas d’extension.
Enjeux nucléaires et dépendances persistantes
La Slovaquie produit près de deux tiers de son électricité grâce à l’énergie nucléaire, principalement via les cinq réacteurs de type VVER 440/213 exploités par l’énergéticien national Slovenské Elektrárne. Ces réacteurs, d’origine soviétique, fonctionnent encore avec du combustible fourni par la Russie. Le pays reste par ailleurs exportateur net d’électricité vers ses voisins, ce qui renforce l’importance stratégique de ses installations nucléaires.