La Commission européenne propose que la Slovaquie et la Hongrie utilisent l’oléoduc Adriatique (JANAF) en Croatie pour compenser la perte des approvisionnements en pétrole russe. Cette suggestion fait suite à l’arrêt des livraisons de Lukoil via l’oléoduc Druzhba, après une interdiction imposée par les autorités ukrainiennes en juillet. Cette proposition vise à diversifier les sources d’approvisionnement face aux sanctions européennes contre la Russie.
Cependant, la Slovaquie et la Hongrie expriment de sérieuses réserves. Les deux pays estiment que les coûts de transit via la Croatie seraient trop élevés. Peter Szijjarto, ministre des Affaires étrangères hongrois, critique la fiabilité de la Croatie en tant que pays de transit. Il pointe une augmentation des tarifs de transit pétrolier quintuplée depuis le début de la guerre en Ukraine, rendant économiquement non viable l’option proposée par la Commission européenne.
Réactions et préoccupations
Juraj Blanar, ministre des Affaires étrangères slovaque, exprime également des doutes quant à la proposition croate. Il souligne l’absence de clarté sur les coûts et les capacités de transport offertes par la Croatie. Blanar demande à la Commission européenne d’intervenir auprès de l’Ukraine pour rétablir les flux pétroliers russes, tout en explorant des solutions alternatives en cas d’inaction de la Commission.
Cette opposition met en lumière les défis auxquels l’Europe est confrontée pour diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. La Slovaquie et la Hongrie insistent sur une réponse coordonnée de l’UE pour garantir leur sécurité énergétique, réduisant ainsi la dépendance aux routes alternatives potentiellement coûteuses.
Capacités et investissements en question
Le ministre hongrois Szijjarto critique le manque d’investissement de la Croatie dans le renforcement des capacités de transit. Il remet en question les chiffres fournis par la Croatie concernant la capacité maximale de l’oléoduc. De son côté, la société croate Janaf rejette ces accusations. Janaf affirme avoir continuellement investi dans son système de transport et de stockage et avoir testé ses capacités de transport vers la Hongrie avec MOL, prouvant pouvoir transporter 1,2 million de tonnes de pétrole brut par mois.
Janaf précise également qu’elle n’a pas augmenté ses tarifs au cours des trois dernières années. La société se déclare prête, tant sur le plan technique qu’organisationnel, à fournir aux raffineries d’Europe centrale des quantités suffisantes de pétrole pour fonctionner à pleine capacité. Janaf espère trouver une solution satisfaisante grâce à des discussions ouvertes et une coopération à long terme.
Perspectives et solutions alternatives
L’opposition de la Slovaquie et de la Hongrie à la proposition de la Commission européenne souligne la complexité de la diversification des sources d’approvisionnement en énergie. Des études de faisabilité approfondies sont nécessaires pour évaluer les capacités logistiques, les coûts et les impacts environnementaux de cette nouvelle route.
En attendant des clarifications, la Commission européenne doit jouer un rôle central en facilitant les négociations et en coordonnant les efforts pour diversifier les sources d’approvisionnement. Une stratégie énergétique européenne intégrée, tenant compte des nouvelles réalités géopolitiques, est essentielle pour assurer la résilience du continent face aux perturbations futures.