Nouveaux modèles électriques, nouveaux marchés, nouveau logo: le groupe allemand Volkswagen espère donner un coup de fouet à sa marque populaire Skoda, lésée par la pénurie de composants qui touche le secteur automobile depuis la pandémie.
Pour autant, pas de virage électrique radical prévu pour la marque tchèque, qui voit encore de belles perspectives pour ses véhicules thermiques à l’étranger. La pénurie de composants, notamment de semi-conducteurs, a incité le groupe allemand à redistribuer prioritairement les composants disponibles à ses marques haut de gamme (Audi, Porsche), qui réalisent des marges record, ainsi qu’à la marque Volkswagen (VW).
Skoda veut se relancer après une année 2022 compliquée
Après Seat et Cupra, c’est donc Skoda qui a le plus souffert au sein du groupe. Incapable de répondre à ses carnets de commandes, la marque tchèque a subi une baisse de près de 17% de ses livraisons en 2022, sa troisième baisse annuelle consécutive après des années de croissance continue. « Nous ne produisons toujours pas à plein régime, mais la situation s’améliore », assure Martin Jahn, responsable des ventes chez Skoda et ancien vice-Premier ministre de la République tchèque, qui espère un retour à la normale au deuxième semestre 2023.
A Mladá Boleslav, sur le site de production historique de la marque tchèque, il a présenté mardi les maquettes de quatre nouveaux modèles électriques qui viendront compléter la gamme, trois ans après la sortie de l’Enyaq, premier modèle 100% électrique de Skoda, conçu sur la plateforme MEB du groupe Volkswagen – une banque de composants commune à plusieurs modèles électriques du groupe. Pas encore dévoilés pour la plupart, les nouveaux modèles devraient voir le jour entre 2024 et 2026, portant l’investissement total pour l’électrique à 5,6 milliards d’euros jusqu’en 2027. Parmi eux, un petit SUV urbain prévu pour 2025 avoisinera les 25.000 euros pour « rendre la mobilité électrique abordable », soit le même budget que l’ID.2, la voiture compacte électrique annoncée le mois dernier par VW. « Nous voulons utiliser la transformation vers l’électrique pour donner un nouvel élan à Skoda », explique Björn Kröll, chef du marketing.
Conquérir l’Asie
Mais Skoda ne mise pas que sur l’électrique. La marque tchèque annonce également le lancement de nouvelles générations de ses modèles thermiques à partir de la fin de l’année. Très présente en Europe de l’Est, Skoda continuera à vendre ses modèles thermiques jusqu’au passage à l’électrique en Europe en 2035. Ensuite, il s’agira de présenter des modèles « pour tout le monde », sur les marchés les moins « rapides » à passer à l’électrique, précise M. Jahn. Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la marque tchèque s’est retirée de Russie qui représentait 10% de son marché en 2021. Et ses ventes ont chuté en Chine, son principal marché en 2020.
Pour le remplacer, Skoda vise à présent l’Inde, son actuel premier marché extra-européen, où la marque était encore absente avant 2019. Skoda prévoit enfin d’entrer sur le marché vietnamien, avant de s’attaquer aux autres pays de l’ASEAN (Asie du Sud-Est), ajoute M. Jahn. Des lignes épurées et un nouveau logo en 2D achèvent le « lifting » de la marque, développe le responsable des ventes: « Il y a trente ans, Skoda était une marque bon marché, puis elle a représenté un bon rapport qualité/prix, et nous voulons désormais lui ajouter un beau design. » « Le succès de l’Enyaq a prouvé qu’il y a une demande pour les véhicules électriques de Skoda », affirme Matthias Schmidt, analyste du secteur automobile. Ce modèle arrivait en 6e position parmi les ventes en Europe en 2022, d’après les chiffres du cabinet Jato Dynamics. « L’Enyaq serait probablement l’un des modèles électriques les plus populaires d’Europe s’il n’y avait pas eu de pénurie », conclut M. Schmidt.