Sinopec prévoit l’investissement en capital le plus élevé de son histoire pour l’année 2022. Le groupe pétrolier enregistre en effet cette année son meilleur bénéfice en une décennie. Par cette nouvelle orientation, Sinopec répond à l’appel fait par Pékin aux entreprises énergétiques. La Chine incite celles-ci à augmenter leur production.
Sinopec va dépenser 198 milliards de yuans pour assurer la sécurité énergétique de la Chine
Sinopec prévoit de dépenser 198 milliards de yuans (31,10 milliards de dollars) en 2022. Ce chiffre représente une hausse de 18 % par rapport à 2021. Ainsi, le groupe bat son précédent record de 181,7 milliards de yuans, qu’il établit en 2013.
Il prévoit en outre d’investir 81,5 milliards de yuans dans l’exploitation en amont. Cet investissement concerne principalement les sites de pétrole brut des champs de Shunbei et de Tahe. Aussi, les champs de gaz naturel de la province du Sichuan et de la Mongolie intérieure comptent dans l’addition. Sinopec déclare :
« En 2022, la demande du marché pour le pétrole raffiné continuera de se redresser, et la demande de gaz naturel et de produits pétrochimiques continuera de croître. »
La problématique de l’approvisionnement énergétique devient mondiale en marge de la guerre en Ukraine. Bien que la Chine reste diplomatiquement proche de la Russie, elle s’inquiète pour sa propre sécurité énergétique. Pékin continue à ce jour d’être le premier importateur de pétrole au monde. En ce sens, Sinopec met en garde contre les impacts posés par les défis géopolitiques et la volatilité actuelle des prix du pétrole.
Les prix du pétrole Brent augmentent de 52 %, jusqu’à présent, cette année. Ils grimpent même à 139 dollars le baril début mars. Les craintes d’une rupture d’approvisionnement en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales alimentent cette augmentation.
Sinopec garde un pied en dehors de Russie
En parallèle, Sinopec fait preuve de prudence vis-à-vis de ses opérations en Russie. Le groupe suspend par exemple ses pourparlers pour un investissement majeur dans la pétrochimie avec ses partenaires russes. Il fait de même avec une de ses entreprises de commercialisation de gaz.
Le groupe restreint ses activités avec Moscou par la volonté du gouvernement chinois. Ce dernier veut s’éviter la menace de sanctions occidentales en appuyant trop son soutien à la Russie. Il privilégie plutôt une prise de distance avec les acteurs du conflit.
Pékin cherche en effet à assurer la sécurité énergétique du pays dans un contexte d’intensification des risques géopolitiques. La Chine souhaite maintenir sa production annuelle de pétrole brut à 200 millions de tonnes et augmenter la production de gaz naturel à plus de 230 milliards de mètres cubes d’ici 2025, contre 205 milliards en 2021.
Le groupe suit une très forte dynamique post-COVID
Il prévoit de produire 281,2 millions de barils de pétrole brut et 12 567 milliards de pieds cubes de gaz naturel en 2022. Ainsi, Sinopec espère multiplier sa production de gaz par 10. En 2021, celle-ci représente 1,199 milliard de pieds cubes. La production de pétrole, elle, n’augmente que légèrement. Elle atteint 279.76 millions de barils l’année dernière.
La Chine tient une position délicate dans le cadre du conflit qui oppose les Occidentaux à la Russie. Le secrétariat au Trésor américain menace déjà Pékin de sanctions secondaires en cas d’un soutien chinois aux opérations militaires de Moscou. Bien qu’elle penche naturellement vers son allié russe, la Chine entend surtout protéger ses intérêts propres. Sinopec, enfin, suit la politique énergétique du gouvernement chinois en accord avec cette voie.