Le groupe industriel Siemens Gamesa a suspendu la construction d’une usine de nacelles pour éoliennes offshore prévue au port d’Esbjerg, au Danemark. Ce projet, validé en 2024, devait bénéficier d’un soutien public de DKr375mn ($58.3mn) et produire initialement 150 unités par an, avec une montée en puissance à 250 turbines. Aucune date n’a été fixée pour une éventuelle reprise des travaux.
Un contexte de marché défavorable aux investissements lourds
L’entreprise a justifié cette décision par le manque de clarté sur les perspectives du secteur, déclarant que toute décision d’investissement nécessitait désormais une stabilité accrue. Siemens Gamesa, présent de longue date à Esbjerg, considère toujours le port comme un site stratégique pour ses opérations offshore, mais reste prudent quant à de nouveaux engagements financiers.
La mise en pause de ce projet intervient dans un climat d’incertitude généralisée pour l’éolien offshore européen. Vestas, un autre fabricant majeur, a récemment suspendu la création d’une usine de pales en Pologne, évoquant une demande inférieure aux projections. Ces annonces successives illustrent un ralentissement de l’expansion industrielle des deux principaux fabricants d’éoliennes en Europe.
Esbjerg, un hub logistique sous pression
Le port d’Esbjerg occupe une place clé dans la logistique de l’éolien offshore. Toutefois, Jesper Bank, directeur commercial du port, a exprimé son inquiétude face à la faiblesse du volume d’appels d’offres. Selon lui, le manque de régularité dans les enchères génère plus de perdants que de gagnants, ce qui décourage les investisseurs industriels.
L’arrêt du projet Siemens Gamesa accentue cette dynamique. Les retards d’industrialisation fragilisent l’ensemble de la chaîne logistique et de fabrication. La prudence des équipementiers reflète une instabilité perçue sur le marché, alimentée par des décisions politiques fluctuantes et des hausses de coûts dans les chaînes d’approvisionnement.
Les industriels appellent à des engagements durables
Jan Hylleberg, directeur général adjoint de Green Power Denmark, a déclaré que ce gel d’investissement reflétait le ralentissement actuel de l’électrification en Europe. Il a noté que l’industrie devait s’adapter à un rythme plus lent que prévu dans le développement des infrastructures éoliennes.
Troels Ranis, directeur de l’organisation DI Energy, a précisé que le projet d’Esbjerg n’était pas abandonné, mais que l’investissement restait suspendu en raison d’une visibilité insuffisante sur les futurs projets. Il a insisté sur la nécessité d’un pipeline solide et structuré pour permettre aux industriels de planifier leurs capacités à long terme.
Les ambitions européennes mises à l’épreuve
Les perspectives pour l’éolien offshore en Europe sont devenues plus incertaines, avec des objectifs nationaux révisés, des projets abandonnés et des enchères sans résultat. Le cabinet Rystad Energy a réduit ses prévisions de capacité installée à l’horizon 2030 de 109GW à 87GW.
Des analystes ont souligné qu’une réglementation claire et durable serait essentielle pour restaurer la confiance du secteur. En l’absence de signaux politiques forts et d’un volume suffisant de projets sécurisés, les investissements industriels dans l’éolien offshore restent à l’arrêt.