Le géant britannique de l’énergie, Shell PLC, a récemment intensifié ses efforts dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL), avec une série de projets stratégiques visant à compenser les pertes subies après son retrait de Russie en 2022. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision à long terme, sous la direction de Wael Sawan, visant à répondre à la demande croissante en GNL tout en réduisant l’accent sur les énergies renouvelables.
En 2023, Shell a annoncé plusieurs nouveaux projets dans des régions stratégiques telles que les Émirats Arabes Unis et Trinité-et-Tobago, ainsi que l’acquisition d’un important portefeuille de trading. Selon les analystes, ces mouvements représentent la moitié de l’objectif de Shell d’augmenter ses volumes de GNL de 20 millions de tonnes métriques par an (mtpa) entre 2023 et 2030. De plus, Shell a récemment racheté Pavillon Energy, une acquisition venant renforcer son poids sur le marché du GNL.
Stratégies et Objectifs de Shell
Ces projets permettent également à Shell de récupérer les approvisionnements perdus suite à son retrait de Russie, une décision consécutive à l’invasion de l’Ukraine par Moscou. Cette sortie avait entraîné une perte de 2,5 mtpa de fournitures du projet Sakhaline LNG et une baisse de 5 % des volumes de liquéfaction de Shell en 2023 par rapport à l’année précédente.
Depuis l’acquisition de BG Group pour 53 milliards de dollars en 2016, la division intégrée du GNL est devenue la branche phare de Shell. En 2023, cette division a généré près de la moitié des 28 milliards de dollars de bénéfices ajustés de Shell, soutenue par les résultats exceptionnels de son activité de trading, le plus grand trader de GNL au monde.
Investissements Récents et Perspectives
Mercredi dernier, Shell a annoncé avoir investi dans une participation de 10 % dans le projet Ruwais LNG de la société Abu Dhabi National Oil Company, visant à plus que doubler la production de l’usine pour atteindre 15 mtpa d’ici 2028. Shell achètera également 1 mtpa de cette production, un projet évalué à environ 5,5 milliards de dollars selon Mitsui & Co Ltd, un autre partenaire.
En parallèle, Shell a décidé de développer son champ de gaz naturel Manatee de 2,7 trillions de pieds cubes au large de Trinité-et-Tobago, qui alimentera l’installation de liquéfaction Atlantic de 15 mtpa sous-utilisée du pays. Le mois dernier, Shell a également conclu un accord pour acquérir la société singapourienne Pavilion Energy, offrant un accès à de nouveaux marchés gaziers en Europe et à Singapour, ainsi que 6,5 mtpa de contrats d’approvisionnement à travers le monde.
Analyses et Projections
Ces trois accords permettront à Shell de réaliser la moitié de son objectif de croissance, selon Saul Kavonic, responsable de la recherche énergétique chez MST Financial. Zoë Yujnovich, directrice du GNL intégré et de l’amont de Shell, a indiqué en mai que près de la moitié de la croissance projetée pour 2030, soit environ 11 mtpa, proviendra de projets en cours de construction comme l’expansion massive du North Field au Qatar et le projet LNG Canada, prévu pour entrer en service l’année prochaine.
Shell prévoit également d’optimiser les installations de GNL existantes telles que l’installation flottante Prelude au large des côtes occidentales de l’Australie et l’installation Atlantic à Trinité-et-Tobago. L’entreprise vise à maintenir un ratio de 50-50 entre sa propre production de GNL et les volumes acquis auprès d’autres producteurs.
Les récents investissements de Shell s’alignent sur sa stratégie de considérer le GNL comme un « carburant critique dans la transition énergétique ». Bien que Shell présente le GNL comme un levier de décarbonisation, son impact reste limité par rapport à l’objectif de réduire l’intensité carbone de son portefeuille de 15 % à 20 % d’ici 2030. En augmentant la part du gaz dans son portefeuille de 10 % d’ici 2030, Shell espère une réduction de 4 % de l’intensité carbone nette, comparée à une réduction de 14 % avec une capacité renouvelable équivalente.