Shell opère un tournant stratégique d’ampleur. Wael Sawan sera, à compter du 1er janvier, le nouveau PDG de Shell. Il devrait accélérer les efforts de l’entreprise pour développer les énergies renouvelables. Shell a su profiter de la flambée des prix de l’énergie, toutefois ses capacités en énergies renouvelables sont limitées.
Ainsi, W. Sawan aura la lourde tâche de combler ce retard. L’entreprise ambitionne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030. En 2050, Shell souhaite devenir un émetteur net nul. Elle a d’ores et déjà lancé des mesures allant dans ce sens.
Accélérer la transition énergétique
Wael Sawan doit donc élaborer sa stratégie, celle qui propulsera Shell sur la voie des énergies renouvelables et de la transition énergétique. Selon un porte-parole de l’entreprise, il devrait poursuivre la stratégie qu’il a lancé dans son rôle actuel. Une chose est sûre, sa « mise en œuvre sera aussi dynamique sous le nouveau PDG qu’elle l’a été sous le PDG actuel ».
Néanmoins, certaines sources estiment que le nouveau PDG ira encore plus vite en matière de transition énergétique. W. Sawan devrait, de fait, élargir le portefeuille de Shell dans le secteur des énergies renouvelables.
La tâche s’avère alors compliquée. De fait, son prédécesseur, a réaffirmé, dès son arrivée, le rôle majeur de Shell dans le secteur du GNL. Ainsi, en 2014, il acquiert BG Group pour 53 milliards de dollars. Ainsi, Shell reste très dépendante du pétrole et du gaz. Sa division des énergies renouvelables et des solutions énergétiques ne représente que 6% des bénéfices du groupe au T2.
Wael Sawan, symbole de la transition de Shell?
Depuis quelques mois, Shell élabore une nouvelle stratégie. De fait, Wael Sawan et Ben van Beurden veulent développer la production d’énergie éolienne et solaire. Ainsi, un tournant stratégique semble s’opérer.
En août, Shell annonce l’acquisition de Sprng Energy pour un montant de $1,55 milliard. Société indienne spécialisée dans les énergies renouvelables, elle possède un portefeuille de plus de 10 GW de projets. Ceux-ci sont en cours d’acquisition, ou encore à construire. Cette acquisition permet à Shell de tripler sa capacité, devançant alors BP.
Cette acquisition symbolise le tournant de la stratégie de Shell, tournant incarné par l’arrivée de W. Sawan au poste de PDG. Jusqu’alors Shell se contentait d’acheter de l’électricité à faible teneur en carbone afin de la revendre.
Au sein de l’entreprise, une source commente:
« C’est un grand changement pour nous, de dire que nous devons maintenant nous lancer dans la production d’énergie renouvelable. Nous avons besoin d’une longue période de production d’énergies renouvelables pour nos capacités commerciales et pour répondre aux besoins de nos clients. »
Si la tâche s’annonce compliquée, Wael Sawan peut se reposer sur le solide bilan du groupe. Ainsi, il peut se lancer dans des acquisitions à grande échelle. Une source proche de Shell ajoute:
« Shell sera en position de force pour réaliser une opération transformatrice dans les énergies renouvelables en 2023 et au-delà. »
Une transition énergétique synonyme de concurrence
La transition énergétique est cœur des différentes stratégies mises en place par les industries du secteur de l’énergie. Shell, comme toutes les autres entreprises, entend accélérer sa transition énergétique. Ainsi, une forte concurrence est à prévoir pour l’acquisition d’actifs. En conséquence, le coût de ses derniers devrait grimper.
Par ailleurs, Shell est en retard par rapport à ses rivaux européens. Au cours des dernières années, l’entreprise est restée plus que prudente quant aux actifs renouvelables.
De fait, avant l’acquisition de Sprng, Shell ne détenait que 1,1 GW d’énergies renouvelables en exploitation et 4,6 GW en construction. À titre de comparaison, mi-2022, TotalEnergies possédait une capacité de production de plus de 9,5 GW (en exploitation ou en construction). BP, elle, comptait 6,4 GW.
Selon certaines sources, la prudence de Shell s’explique par les nombreux critères internes du groupe. Ainsi, aucune entreprise majeure du secteur n’a satisfait ces critères en matière d’acquisition.
Toutefois, Shell a étudié une option: RWE. La capitalisation boursière de l’entreprise allemande s’élève à 28 milliards d’euros. Cependant, une telle opération est très peu probable. De fait, outre les énergies renouvelables, RWE est présente dans le secteur du charbon et du nucléaire. Or, ces secteurs n’intéresseraient pas Shell.
Quelle stratégie pour Wael Sawan?
Wael Sawan devrait présenter sa stratégie, axée sur les énergies renouvelables, au milieu de l’année prochaine. Une source proche de l’entreprise déclare:
« Wael a décidé de la stratégie actuelle avec le conseil d’administration, mais s’il pense qu’il y a besoin de changement quand il arrive, cela se fera rapidement. »
Le groupe devrait toujours compter sur la production de pétrole et de gaz, même si la production pétrolière de Shell doit diminuer par rapport à son record de 2019. Outre le pétrole, il est très peu probable que W. Sawan déserte le domaine du gaz naturel et du GNL. D’autant plus que, dans un contexte de crise énergétique, la demande en gaz et en GNL devrait rester élevée dans les années à venir.
En parallèle, Shell alloue de plus en plus de ressources aux énergies renouvelables. Une source déclare:
« Il y a beaucoup d’activité interne pour constituer un portefeuille d’énergies renouvelables dans le monde entier. »
La société mise principalement sur la recherche et le développement de nouvelles ressources.