Le fonds de pension de l’Eglise d’Angleterre, actionnaire minoritaire du géant pétrolier britannique Shell mais en désaccord avec la stratégie de transition énergétique du groupe, votera contre la reconduction de ses dirigeants lors de l’assemblée générale du 23 mai.
« L’industrie pétrolière et gazière en Europe est à la croisée des chemins » et les décisions du secteur peuvent « faire ou défaire nos efforts collectifs pour limiter le réchauffement » climatique, a assuré Adam Matthews, directeur de l’investissement responsable du fonds, dans une tribune publiée mardi dans The Telegraph. « Nous voterons contre le président et les administrateurs de Shell et la mise à jour du plan de transition, et pour la résolution (de l’organisation d’actionnaires activiste) Follow This qui appelle à des objectifs plus ambitieux », a-t-il annoncé.
Le dirigeant du fonds de pension pointe « les récentes annonces du (concurrent de Shell) BP qui amoindrit ses objectifs climatiques, et les allusions pas trop subtiles de Shell au marché selon lesquelles (le groupe) est susceptible de faire quelque chose de similaire ». Il dit avoir « perdu confiance dans la direction de l’entreprise ». « L’attrait de la maximisation des bénéfices à court terme l’emporte sur la pérennité à long terme de ces entreprises et de notre planète », dénonce M. Matthews, qui estime que cela nuira aussi « directement aux intérêts financiers des fonds de pension et autres investisseurs à long terme ».
Selon The Telegraph, la portée de l’annonce est essentiellement symbolique, étant donné que le fonds de pension ne possède qu’une part minime du capital de Shell. Une participation qui a en outre fondu depuis 2018, passant de 6,5 millions de livres à 1,2 million. « Shell et le fonds de pension de l’Eglise d’Angleterre travaillent ensemble en tant que partenaires sur la transition énergétique depuis près d’une décennie », a réagi Shell dans une déclaration transmise à l’AFP, ajoutant que la stratégie du groupe « reste inchangée », avec un objectif de neutralité carbone « d’ici 2050 ou avant ».
Shell a enregistré au premier trimestre un bénéfice net en progression de 22% sur un an, à 8,7 milliards de dollars, après avoir réalisé en 2022 le bénéfice annuel le plus élevé de son histoire, à 42,3 milliards de dollars. BP, concurrent britannique de Shell, a lui aussi fait face, lors de son assemblée générale fin avril, à une part notable d’actionnaires remontés contre sa décision de ralentir sa transition énergétique, mais avait finalement obtenu le soutien d’une large majorité d’entre eux.