Les projets de l’UE visant à interdire les importations de pétrole russe dans le bloc commercial d’ici la fin de l’année pourraient voir leur impact dilué. Ben Van Beurden, PDG de Shell, évoque traitement ou du mélange du brut et des produits pétroliers russes en dehors de la région.
Des difficultés à identifier le brut russe selon Shell
Des points d’interrogation subsistent quant à la quantité de pétrole russe qui se retrouvera en Europe. Il est ainsi très difficile de déterminer ce qui est ou n’est pas du pétrole d’origine russe une fois qu’il a été traité. M. Van Beurden a reconnu qu’une fois qu’une raffinerie a traité le brut russe, les produits pétroliers qui en résultent se retrouvent dans l’offre mondiale. Il est selon lui impossible de savoir d’où le provient le brut.
Il déclare à ce sujet :
« À ce moment-là, nous ne disposons pas de systèmes dans le monde permettant de retracer si cette molécule particulière provient d’une formation géologique en Russie… qui n’existe pas ».
Les sanctions contre le pétrole russe supposent également que les produits pétroliers perdent leur statut d’origine lorsqu’ils sont « traités, réformés ou modifiés de manière substantielle », a-t-il ajouté.
L’UE doit encore faire approuver la mesure
L’UE a déclaré le 4 mai qu’elle prévoyait d’éliminer progressivement les importations de pétrole russe dans le bloc commercial. Si elle est approuvée par l’ensemble des États membres de l’UE, la proposition portera un coup à certaines importations de brut russe. Cela représenterait 2,3 millions de barils dans un délai de six mois. Une extension de 200 000 b/j à la Hongrie et la Slovaquie est en discussion.
Un autre 1,2 million de b/j d’importations de produits raffinés cesserait d’ici fin 2022. En outre, 700 000 b/j d’exportations totales de pétrole vers les États-Unis ont déjà été stoppés. M. Van Beurden déclare :
« J’imagine que, dans l’ensemble, nous sommes bien en avance sur les sanctions qui seront prises à ce sujet »
Les mélanges de pétrole
Au cours de la semaine qui s’est terminée le 30 avril, Shell a renforcé ses conditions d’achat de produits pétroliers non russes en Europe. Elle vise ainsi à combler une lacune permettant d’acquérir des cargaisons de carburants russes mélangés à des alternatives non russes.
Shell Trading Rotterdam a proposé d’acheter une cargaison de carburéacteur dans le nord-ouest de l’Europe le 27 avril. Il y avait comme condition que le vendeur ne soit pas d’origine russe ou qu’il ait été mélangé avec un produit fabriqué en Russie. Shell avait auparavant acheté des cargaisons de diesel européen à la condition que moins de 50 % du contenu en volume provienne de Russie.
Cette décision fait suite à l’engagement pris par les Pays-Bas d’être indépendant en hydrocarbures russe fin 2022. C’est dans ce pays que se trouvent d’importantes raffineries et le centre de commerce et de stockage d’Amsterdam-Rotterdam-Anvers. Depuis février, les exportations de diesel vers les Pays-Bas ont été multipliées par plus de huit jusqu’au 20 avril. Elles ont atteint plus de 108 000b/j.
M. Van Beurden a toutefois nié que Shell ait acheté du pétrole russe dans le but de le mélanger et de le transformer en pétrole d’origine non russe.