Le groupe Shanghai Electric a annoncé de nouveaux jalons technologiques dans le domaine de la fusion nucléaire contrôlée, avec la livraison réussie du plus grand boîtier de bobine de champ toroïdal au monde et l’expédition d’un cryostat d’essai magnétique destiné au projet ITER, situé à Cadarache, dans le sud de la France. Ces étapes soulignent la montée en puissance de la Chine dans l’ingénierie nucléaire avancée.
Des composants livrés pour ITER et testés en France
En octobre, l’équipement de test cryogénique magnétique, fruit d’une collaboration entre Shanghai Electric Nuclear Power Group et l’Institut de physique des plasmas de l’Académie chinoise des sciences (ASIPP), a quitté la Chine par voie maritime à destination du port de Marseille. Transporté sur 70 kilomètres à vitesse réduite, l’équipement a été livré sur le site du projet ITER, réunissant plus de 30 pays, dont la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud et l’Union européenne.
Le composant livré constitue une pièce essentielle de l’infrastructure du réacteur de fusion expérimental. Malgré les contraintes logistiques sévères imposées par le site — hauteur, largeur et poids — l’assemblage a été achevé en 11 mois. L’équipe conjointe a notamment réussi des opérations de soudage de précision, des essais de vide primaire et de détection de fuites à l’hélium dans une enceinte de grande dimension, atteignant un niveau de vide de 10⁻⁴ mbar.
Le projet CRAFT reçoit un boîtier de bobine de 400 tonnes
Parallèlement, le boîtier de bobine de champ toroïdal le plus imposant jamais construit a été acheminé vers l’installation CRAFT (Comprehensive Research Facility for Fusion Technology) à Hefei. Construit en acier inoxydable austénitique, il mesure 21 mètres de haut pour 12 mètres de large et pèse environ 400 tonnes. Cette pièce est plus de 1,2 fois plus grande et près de deux fois plus lourde que son équivalent utilisé dans le projet ITER.
Shanghai Electric a précisé que cette livraison représentait un nouveau standard dans la fabrication de composants de fusion à échelle industrielle. L’entreprise intervient également dans d’autres projets expérimentaux comme EAST, BEST et HL‑1, consolidant sa place dans les dispositifs de recherche à très haute température.
Deux décennies d’engineering nucléaire de haute précision
Lors de la Conférence ministérielle sur la fusion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et du 30ᵉ Forum sur l’énergie de fusion, tenus à Chengdu, Shanghai Electric a présenté ses vingt années d’avancées dans la fabrication de systèmes pour la fusion. Les responsables du groupe ont notamment exposé des solutions système complètes, qui ont suscité un intérêt marqué auprès des délégations présentes.
Le groupe a précisé avoir maîtrisé plusieurs procédés techniques complexes, dont la fusion à l’hydrogène-bore, le soudage laser à haute fréquence et la fabrication de matériaux résistants aux températures extrêmes. Ces innovations, selon les responsables, ont permis d’améliorer la fiabilité des équipements expérimentaux, tout en contribuant à l’effort international de développement d’une énergie contrôlable par fusion.