Les principaux acteurs industriels de Corée du Sud, menés par les secteurs du raffinage et de la pétrochimie, appellent le gouvernement à revoir à la baisse les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés pour 2035. Huit associations industrielles, dont la Korea Petroleum Association (KPA) et la Korea Chemical Industry Association (KCIA), ont soumis une lettre conjointe exprimant leurs inquiétudes sur les conséquences économiques d’objectifs qu’ils jugent excessivement ambitieux.
Le ministère du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement a proposé deux scénarios : une réduction de « 50 à 60% » ou de « 53 à 60% » par rapport aux niveaux d’émissions de 2018. Ces propositions dépassent la limite de 48% que les représentants industriels estiment être le seuil maximal supportable. Les acteurs du secteur soulignent que ces cibles ne tiennent pas compte du ralentissement économique national, des tarifs douaniers croissants imposés par les grandes puissances économiques, ni de la surproduction chinoise qui pèse sur les marges locales.
Une position stratégique sur le marché asiatique
La Corée du Sud est le premier exportateur asiatique de produits pétroliers raffinés, tels que l’essence, le kérosène et le gazole. Selon les dernières données gouvernementales, le pays a exporté 28,82 millions de barils d’essence au troisième trimestre, contre 19,64 millions pour la Chine et 3,3 millions pour le Japon. Pour le gazole, les exportations sud-coréennes se sont élevées à 58,77 millions de barils sur la même période, soit plus du triple des volumes chinois.
Selon un responsable du négoce de produits pétroliers à Singapour, une baisse trop importante des marges liée à des contraintes climatiques excessives pourrait compromettre le leadership de la Corée du Sud sur le marché asiatique des produits raffinés. L’absence de mesures précises par secteur renforce les craintes d’une mise en œuvre désorganisée, ont indiqué les représentants industriels.
Des aides financières ciblées pour amortir la transition
En réponse aux demandes, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie prévoit un soutien sous forme de prêts à hauteur de 297,3 milliards de wons ($209,49 millions) pour financer 16 nouveaux projets axés sur la réduction des émissions via l’investissement en infrastructures et en recherche et développement. Le programme vise à générer jusqu’à 963 milliards de wons ($679 millions) d’investissements privés au cours des trois prochaines années.
Les entreprises sélectionnées comprennent S-Oil Corp. (raffinage), HD Hydrogen (piles à combustible), SK Plug Hyverse (stockage d’hydrogène) et Hanwha Ocean Ecotech (construction navale). Selon le ministère, les projets bénéficieront de prêts allant jusqu’à 50 milliards de wons ($35,2 millions) avec un taux d’intérêt de 1,3% via quatorze banques partenaires.
Des attentes claires sur les quotas sectoriels
Les associations appellent également à la définition rapide de quotas précis par industrie, estimant que seuls des objectifs différenciés peuvent garantir une transition efficace sans porter atteinte à la compétitivité nationale. Les discussions avec les autorités se poursuivent alors que les industriels cherchent à éviter un désavantage concurrentiel structurel à moyen terme sur les marchés internationaux.