Les préoccupations relatives à la sécurité énergétique, dues à la guerre en Ukraine, pourraient stimuler l’expansion de la capacité et la diversification des approvisionnements en pétrole et en gaz naturel au cours des prochaines années. Selon Olivier Le Peuch, PDG du géant des services pétroliers Schlumberger, ces dynamiques pourraient entraîner davantage de projets à plus long terme que l’industrie a évité ces dernières années.
Une sécurité énergétique à long terme
Depuis 2015, les prix du pétrole ont oscillé autour de 45 à 50 dollars le baril. Cela a conduit les producteurs à se concentrer sur des projets à court terme. Ces derniers offrent un retour sur investissement relativement rapide (6 à 24 mois environ après avoir été approuvés).
Cependant, les projets définis sur plusieurs années et plus coûteux pourraient également faire leur retour. Selon O. Le Peuch, la volonté de diversité et de sécurité de l’approvisionnement devient une priorité majeure pour les producteurs.
Le PGD de Schlumberger déclare :
« Cette nouvelle dimension aura des implications positives et durables sur les investissements énergétiques au cours des prochaines années. »
Il ajoute que la sécurité énergétique entraîne une nouvelle expansion de la capacité. De plus, la demande d’un approvisionnement en pétrole et en gaz plus diversifié soutiendra également des projets de développement à long terme supplémentaires, des activités d’exploration et des « brown feed regulation programs. »
Les projets à long terme comprennent les expansions offshore et onshore de grande capacité que les compagnies pétrolières nationales développent. Au Moyen-Orient, par exemple, quelques pays se sont déjà engagés à augmenter leur capacité cette année et au-delà.
« Évolution » du paysage énergétique
Selon Le Peuch, « l’évolution » du paysage énergétique s’est réalisée après que la Russie a menacé, puis attaqué, l’Ukraine.
En premier lieu, les prix du brut ont grimpé en flèche passant de 70 $ à plus de 100 $ cette année. Cette hausse des prix sera une caractéristique déterminante.
Puis, la guerre en cours a créé des « conditions favorables » à l’augmentation des prix des services et des équipements pour les champs pétrolifères. Ceci alors que la demande pour ces produits s’est accrue au niveau mondial.
En outre, la hausse des prix des services et des équipements est « absolument essentielle » pour soutenir les rendements financiers des fournisseurs de services et d’équipements pétroliers. De la même manière, cela permet d’assurer les investissements en capacité nécessaires pour l’approvisionnement en pétrole et en gaz à court et à long terme dont le monde a besoin.
Jeff Miller, PDG d’Halliburton, déclare que la dynamique de l’offre avait « fondamentalement changé ». Plusieurs causes rendent les projets à long terme difficiles pour les opérateurs : les exigences de rendement des investisseurs ; les engagements publics en matière d’environnement, de bien-être et de gouvernance ; les pressions réglementaires.
Les désavantages des projets à long terme pour la sécurité énergétique
Selon J. Miller, la nature des projets à long terme empêche une réaction rapide aux signaux de prix du marché et entraîne une offre excédentaire. Au contraire, les initiatives de court terme créent « une menace perpétuelle de sous-approvisionnement » soutenant les prix des matières premières.
Le PDG d’Halliburton prévoit qu’au cours des prochaines années, l’industrie se caractérisera par des projets à court terme. Elle sera soutenue par le développement plutôt que par l’exploration, et par le rattachement à des centres de production existants plutôt que par la construction de nouvelles infrastructures coûteuses et longues à mettre en place.
Une fois les projets à long terme lancés, les investissements doivent se poursuivre. Cependant, la production ne peut pas immédiatement répondre aux signaux de prix du marché. Cette situation entraîne une offre excédentaire sur le marché.
Le recours aux barils à court terme crée l’effet inverse avec une menace perpétuelle de sous-approvisionnement soutenant le prix des matières premières.
Dans une note aux investisseurs, James West, analyste chez Evercore ISI, estime que :
« Nous pensons qu’il y aura des choix intéressants à faire, car l’inflation et les niveaux d’activité plus élevés entraînent de nouvelles augmentations de prix. »
Il ajoute :
« Les opérateurs continueront-ils à payer des prix plus élevés pour obtenir leurs équipements préférés et leur construction/complétion de puits ou modifieront-ils ces conceptions en sacrifiant potentiellement des efficacités pour des prix plus bas ? »
Néanmoins, Le Peuch souligne que les investissements à court terme devraient s’accélérer, sous l’impulsion du Moyen-Orient notamment.