L’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique ont annoncé un gigantesque projet éolien offshore en mer du Nord. D’ici à 2050, 150 GW d’éoliennes pourraient y être installés, soit la moitié de l’objectif de l’Union pour l’éolien offshore. Le projet pourrait contribuer à l’indépendance et la sécurité énergétique européenne.
La sécurité énergétique européenne à travers l’éolien offshore ?
Cette annonce intervient dans le contexte d’embargo européen sur les importations pétrolières russes. L’occasion pour la Commission européenne et les pays membres de se confronter à la question de l’indépendance énergétique. Ursula von der Leyen déclare :
« Plus nous serons interdépendants en Europe, plus nous deviendrons indépendants de la Russie. »
Collecter cette énergie sans surcharger les réseaux terrestres et les fonds sous-marins est néanmoins un défi. Ainsi, la création d’un réseau électrique commun reliant les futurs parcs éoliens offshore est en discussion. Il pourrait connecter les parcs à des hubs, avant de redistribuer l’énergie vers le marché européen.
Chris Peeters, PDG d’Elia, commente :
« Nous avons cette île, elle recueille le vent autour d’elle, puis elle l’amène à terre, ou elle l’amène à un autre hub qui l’amène ensuite à terre dans le pays qui a la demande à ce moment-là. »
Cette solution pourrait permettre une alimentation énergétique mieux répartie grâce à la coopération internationale. Actuellement, la surcharge du réseau force parfois l’Allemagne à payer ses fournisseurs danois pour couper leurs éoliennes un certain temps. Les importations seraient ainsi contrôlées tout en augmentant significativement la sécurité et l’indépendance énergétique européenne.
La coopération internationale est au cœur du projet
Dan Jorgensen, ministre danois du climat et de l’énergie, commente :
« Ce qui est tout à fait nouveau, c’est que nous considérons le développement des énergies renouvelables comme quelque chose qui se fait mieux conjointement. »
De plus, une telle installation permettrait d’économiser de l’argent et d’optimiser la production. Chris Peeters explique : la production éolienne varie selon les endroits, mais souvent suivant un schéma prévisible. Un centre énergétique en mer permet également un stockage de l’énergie jusqu’à ce que les consommateurs en aient besoin.
Un seul câble hybride européen est déjà en service, reliant plusieurs parcs en mer Baltique au Danemark et à l’Allemagne. Les projets hybrides combinent production et transmission, et relient deux marchés ou plus. Traditionnellement, les parcs éoliens offshore existants envoient leur énergie via des câbles individuels vers un seul pays.
Quel financement pour ce projet ambitieux ?
La création d’un réseau maillé pourrait prendre plus d’une décennie et coûter plusieurs milliards de dollars. On ne sait pas encore qui investira et développera ces projets, qui impliquent plusieurs pays. De plus, selon Stridsbaek, la réglementation actuelle ne permet pas le partage des coûts et des revenus incitant à investir.
Ulrik Stridsbaek, responsable des affaires réglementaires chez Orsted, déclare :
« Le plus gros problème est que toutes les parties doivent être incitées à participer au développement de projets hybrides, ce qui n’est pas le cas actuellement. »
Selon Giles Dickson, responsable du lobby industriel WindEurope, d’autres interconnexions hybrides sont prévues en Europe. Toutefois, le plus gros obstacle résiderait dans l’absence d’un cadre réglementaire européen clair. Si l’éolien offshore est une piste, la sécurité énergétique européenne nécessitera dès lors quelques années pour en favoriser le développement.