L’ex-chancelier Gerhard Schröder a défendu la construction du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, lors d’une audition parlementaire consacrée à l’examen des liens politiques et financiers entre Berlin et Moscou. Âgé de 81 ans, l’ancien dirigeant a témoigné par vidéoconférence depuis Hanovre devant la commission du parlement régional de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. Cette instance cherche à établir le rôle des autorités locales et des soutiens politiques du projet dans un contexte de tensions énergétiques et diplomatiques persistantes.
Un projet présenté comme stratégique pour l’approvisionnement allemand
Gerhard Schröder, qui préside le conseil d’administration de la société Nord Stream 2 AG depuis 2016, a déclaré que la construction des gazoducs Nord Stream 1 et 2 demeurait « justifiée ». Selon lui, ces infrastructures devaient garantir à l’Allemagne un approvisionnement stable en gaz naturel russe « à des prix raisonnables », contribuant à la sortie progressive du nucléaire et du charbon. Il a rappelé que la coopération énergétique entre Berlin et Moscou reposait sur des décennies de relations économiques « éprouvées », qu’il a décrites comme relevant d’une « politique de paix ».
Des interrogations sur le financement russe et les contournements de sanctions
Les députés ont interrogé l’ancien chancelier sur la création, en 2021, d’une fondation régionale dite « pour la protection du climat », soupçonnée d’avoir reçu 20 millions d’euros (environ $21,5mn) de fonds russes pour poursuivre la construction du pipeline malgré les menaces de sanctions américaines. Gerhard Schröder a reconnu que cette entité avait permis d’assurer la continuité du projet en évitant les blocages internationaux.
Une audition marquée par la tension et les zones d’ombre
Au fil des échanges, Gerhard Schröder s’est montré irrité par certaines questions de députés, qualifiées de « ridicules » par l’intéressé. Il a parfois invoqué des oublis ou répondu avec humour, tout en maintenant que Nord Stream 2 constituait un choix rationnel pour la sécurité énergétique allemande. Depuis l’abandon du projet en 2022, à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, et les explosions ayant frappé les gazoducs en mer Baltique, la pression politique s’est intensifiée autour de l’ancien chancelier, proche du président russe Vladimir Poutine. D’autres responsables, dont le chancelier Olaf Scholz, doivent être entendus prochainement par la commission d’enquête.