L’Allemagne veut présenter dans les prochaines semaines une réforme de son marché de l’électricité afin de faire baisser “dès cet hiver” les prix en réduisant les profits du secteur, un sujet âprement débattu au niveau de l’UE.
La réforme souhaitée par Berlin est proposée “en coordination” avec l’UE et doit “s’appliquer à grande vitesse (…) dès cet hiver”, a annoncé mardi le chancelier Olaf Scholz dans un discours devant des chefs d’entreprise.
“Nous changeons le design du marché de l’énergie en Allemagne. Et nous allons le faire dans les prochaines semaines”, a abondé le ministre de l’Economie, Robert Habeck, au cours du même évènement.
Sur le marché européen, c’est le prix de revient de la dernière source d’électricité mobilisée pour répondre à la demande, souvent les centrales au gaz, qui détermine le tarif qui s’impose à tous les opérateurs du continent. Or, le prix du gaz s’est envolé, dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, entraînant avec lui celui de l’électricité.
De nombreuses entreprises produisant de l’électricité avec d’autres sources que le gaz (renouvelables, charbon, nucléaire) ont vu dans ce contexte leurs bénéfices exploser, sans souffrir de coûts de production plus élevés.
L’idée est dorénavant de plafonner et ponctionner ces “surprofits” pour réaffecter la différence vers les entreprises et les foyers européens. La proposition allemande est “quasiment la même” que celle présentée début septembre par la Commission européenne, a précisé M. Scholz.
Réforme
“Il est inconcevable que (…) ceux qui produisent de l’électricité avec l’énergie éolienne, l’énergie solaire ou le charbon (…) fassent des bénéfices supplémentaires parce que le prix est déterminé en fonction de l’électricité produite avec le gaz”, a justifié M. Scholz.
Une “contribution de solidarité” pour les producteurs d’énergie fossile réalisant des profits importants a été également évoquée par la Commission européenne début septembre.
La réforme de ce système, réclamée de longue date par la France, mais qui divisait les Vingt-Sept, fait désormais quasiment consensus au sein de l’UE.
Les ministres de l’énergie de l’Union européenne doivent se réunir à Bruxelles le 30 septembre pour examiner les propositions de la Commission européenne, après une première réunion début septembre.
Mais, pour faire face au risque de récession que la crise fait peser sur leur économie, les Allemands sont prêts à agir sans attendre leurs voisins européens.
“Nous allons faire passer cela très rapidement pour alléger le fardeau” des ménages allemands, a affirmé M. Scholz.
Le ministre de l’Economie a en outre assuré que les baisses de prix ainsi engendrées par la réforme seraient “rétroactifs” sur l’ensemble de l’année 2022.
Selon le comparateur de prix Check24, un “ménage type” en Allemagne avec une consommation de 20.000 kWh payait en août 3.717 euros par an pour son gaz, soit une “hausse de 185%” sur un an.